B comme BLANC Henri, poilu de Saint-Pierre des Tripiers

Le 02/11/2022 0

Dans Les Lozériens

En poussant la grille du cimetière de Saint-Pierre des Tripiers, une des premières tombes que l'on voit est celle de Henri Blanc, mort à l'âge de 22 ans en Belgique. Je vais retracer l'histoire de ce soldat dans cet article.

Tombe Henri Blanc à Saint Pierre des Tripiers

De ses prénoms complets, Gaston Henri Augustin Calixte était né à la Viale, hameau de Saint-Pierre des Tripiers, le 25 avril 1892. Dernier d'une famille de 5 enfants, il avait juste 22 ans lors de la déclaration de la guerre et était encore au service militaire. Il avait été incorporé au 158ème Régiment d'Infanterie le 10 octobre 1913. Sa fiche matricule donne de lui la description suivante : Yeux et cheveux châtains foncés, front haut, visage long, nez long, taille 165 cm, niveau d'instruction 3.

Les parents d'Henri se nommaient Joseph Frédéric BLANC et Marie-Mathilde Sylvie PRATLONG. Le père était originaire de la Bourgarie, sur les hauteurs des Vignes, avait marié une fille Pratlong de la Viale en 1880 et s'y était installé comme cultivateur. Henri avait 3 frères et une soeur plus âgés :

  • Maria Anna Angèle, née en 1881 et mariée à Auguste Pouget en 1903.
  • Frédéric Firmin Henri, né en 1883, certainement décédé jeune car je n'ai pas trouvé de fiche matricule.
  • Isidore Frédéric Marius né en 1885, qui a également fait la guerre au 3ème Régiment d'Artillerie et qui en est revenu.
  • Léontin Emile Henri né en 1889. Lui aussi a été mobilisé dès le début du conflit au 81ème RI. Il a été fait prisonnier très vite, le 25 aout 1914, interné à Dilligen et rapatrié après l'armistice, le 26 décembre 1918. Cela lui a très certainement sauvé la vie... Mais sa fiche matricule montre qu'il a été sérieusement blessé durant cette période
Document affiche ordre mobilisation generale

Lors de la mobilisation générale, Henri était donc encore en train de faire son service. Il avait juste 22 ans et n'était certainement qu'imparfaitement formé au combat.

Il sera porté disparu le 5 novembre 1914, au combat du Mont Kemmel, en Belgique.

 

La course à la mer, la bataille d'Ypres (octobre - novembre 1914)

Les Allemands essayant une manœuvre débordante dans la région du Nord, l'Armée de Maudhuy y fut portée pour prolonger le front de l'Armée Castelnau et recevoir, en descendant du train vers Arras et Lens, le choc de 300 000 hommes. Le 158e arrive le premier du 21e Corps, débarque le 3 octobre à Wawrin, entre Lille et Lens. Jusqu'au 12 octobre, ses trois bataillons répartis sur un front de plus de 20 kilomètres, vont avoir à remplir une mission des plus difficiles, celle de protéger le débarquement du 21e C. A. et de tenir tête à la cavalerie et aux bataillons de chasseurs de la Garde prussienne, sur les ponts du canal de Douai.
Du 6 au 10 octobre une série de combats acharnés sont soutenus par les bataillons et même par les compagnies, isolés les uns des autres et menacés sans cesse d'encerclement. Il n'est pas possible de retracer dans les détails chacune de ces actions où toutes les unités rivalisèrent de ténacité. Citons seulement l'attaque de Loos (6 octobre), celle de la Cité St-Auguste (8 octobre) ; la défense des ponts par les compagnies du 1er bataillon ; enfin la défense de La Bassée (9-11 octobre).

Le Régiment combattait ensuite dans le Pas-de-Calais ; avec les Anglais à Gambrin, puis aux abords de Vermelles, puis dans les tranchées de Noulette, où il repousse plusieurs attaques furieuses sans perdre un pouce de terrain. Mais tandis que la bataille faisait rage dans l'Artois, l'ennemi exerçait un effort encore plus violent dans les Flandres. Avec des forces importantes prélevées sur tout son front, avec l'Armée d'Anvers et sa formidable artillerie lourde, avec des corps nouveaux secrètement formés au fond de l'Allemagne, ils tentaient sur les effectifs français, anglais et belges accourus en toute hâte un double effet de surprise et de masse qui allait aboutir à l'effroyable «mêlée des Flandres».

Le 1er novembre, le 1er et le 2e Bataillon du 158 sont enlevés en camions-autos et transportés à Reninghelst, dans la région d' Ypres. C'est le moment où se prépare le plus formidable assaut de la bataille des Flandres. Le kaiser est à Thielt en Belgique, et se dispose à faire son entrée à Ypres, puis à Calais. Pendant 25 jours, les 2 Bataillons du 158 vont se multiplier, toujours aux points les plus dangereux, soit pour attaquer, soit pour se défendre ; ils prendront part à trois actions différentes :
Du 3 au 8 novembre, combat de Kemmel, attaque et défense du moulin de Spanbroke où le légendaire Colonel HOUSSEMENT, déjà 7 fois blessé en 6 combats différents, trouvera la mort qu'il semblait narguer. Du 10 au 15 novembre, défense de Mont-St-Eloi, dans des tranchées pleines d'eau, sans aucune communication avec l'arrière, en butte aux attaques quotidiennes de l'ennemi.
Du 16 novembre au 5 décembre, défense du secteur de Hooge où un nouvel ennemi, le froid, fera insidieusement son apparition et causera les premières fortes pertes par gelure de pieds.
De cette mêlée gigantesque, qui dépassait en horreur tout ce que l'on avait vu jusque-là, le Régiment devait sortir diminué par des pertes sanglantes, épuisé par la souffrance et la fatigue, mais exalté et grandi par la confiance. Malgré une débauche inouïe de projectiles, malgré une consommation effroyable de "matériel humain", le boche n'était pas passé. Désormais le moindre poilu du 158 saura que partout où se trouve son Régiment, le boche ne passe pas.

Historique du 158e régiment d'infanterie. Campagne 1914-1919 (voir lien Gallica ci-dessous)

Le Mont Kemmel

À 156 mètres de hauteur, le mont Kemmel dans les Flandres belges.
C'est un point de repère pour les artilleurs qui offre un panorama exceptionnel sur la plaine. Pendant le conflit, les 2 camps se le disputeront âprement.
Le 5 septembre 1918, le mont Kemmel tombera définitivement entre les mains des alliés mais la violence des combats et les bombardements l'ont dévasté. Il sera rebaptisé le mont chauve.
Printemps 1918, les Allemands n'ont pas réussi leur offensive dans la Somme et reportent leurs efforts dans les Flandres. Objectif : reprendre le secteur d'Ypres pour s'ouvrir la route de la mer. Dès le 9 avril, ils enfoncent les lignes alliées dans la plaine de la Lys. Ils remontent alors vers les monts des Flandres mais échouent au pied du mont Kemmel. Le 25 avril, à l'issue de furieux combats souvent au corps à corps, les Allemands s'emparent du belvédère au sommet du mont.


Mais le 29 avril, l'avancée allemande vers Ypres est un échec, les Alliés ont résisté au prix de pertes énormes côté français : 10 600 morts, blessés et disparus. Ce monument avec à son sommet un coq gaulois leur rend hommage. Tout près, cet ossuaire militaire rassemble les dépouilles de 5 294 soldats français, seuls 57 ont pu être identifiés.
Plus loin sur le mont, un obélisque de 18 mètres de hauteur commémore les 55 000 disparus de troupes françaises en Belgique. À son sommet, une allégorie de la déesse romaine de la Victoire. Son regard mélancolique lui a valu d'être surnommée l'Ange triste du mont Kemmel.

Sources et documents

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