I comme Irodouër

Le 10/11/2022 0

Dans Les Lozériens

Irodouër ?
Que vient faire ce petit village de Bretagne dans cette série d'articles consacrés aux poilus de Lozère ?
Nous allons le découvrir ensemble ...

Irodouer

Comment suis-je arrivée en Bretagne ?

Pour trouver matière à l'illustration de la lettre I, je suis allée chercher dans les lieux commençant par cette lettre dans le dictionnaire de Familles de Lozère. Parmi ceux-ci, Irodouër m'a interpellée. Était-ce le lieu d'un décès ? Cela me semblait bien loin des champs de bataille. 
Non, il s'agit du lieu de naissance d'un soldat inscrit dans le Livre d'Or de Banassac, Jean-Marie François GUILLARD (1879-1918). Il s'agissait maintenant de trouver la liaison entre ce soldat et la Lozère ...

Certainement un mariage ... En cherchant un peu sur les différents sites, j'ai trouvé l'acte de mariage de Jean Marie François Guillard, cocher livreur et de Marguerite Sabine Crespin, couturière originaire de Banassac. Cet acte a été passé à la mairie de Paris 18ème arrondissement le 5 octobre 1907.

Mystère résolu ! Voyons maintenant si l'on peut retrouver quelques traces de l'histoire de nos deux expatriés.


Jean Marie François est donc originaire de Irodouër, né le 18 octobre 1879 de Jean Marie et Anne Marie Monnier. Ses parents étaient laboureurs dans le village de Landujan au moment de son recensement en 1899. Sa fiche matricule donne de lui la description suivante : "Cheveux et sourcils châtains, yeux châtains, front ordinaire, nez moyen, bouche moyenne, menton rond, visage ovale, signe particulier : taches de rousseurs, taille 1,64 m". Il fait son service militaire dans l'artillerie entre le 15 novembre 1900 et le 1er novembre 1903 où il devient 1er canonnier. A partir de 1906, il quitte la Bretagne pour tenter sa chance à Paris comme cocher. Il est domicilié à Levallois Perret. Il y rencontre sa future femme.

Marguerite Sabine Crespin est une lozérienne pure souche ! Elle est née à Banassac le 22 novembre 1880 de Jean-Baptiste et Marie Reine Caplat. Son père était marchand de bestiaux. Elle part à Paris comme couturière. A la lecture des témoins de leur acte de mariage, on voit que ses frères Léon et André sont également "montés" à Paris, le premier comme chauffeur, le second comme ajusteur.

Mariage Guillard Crespin

Nos deux tourtereaux se marient donc le 5 octobre 1907. Ont-ils eu des enfants ? Certainement ... Un bref coup d'oeil sur les tables décennales de Levallois-Perret montre quelques Guillard nés pendant la période qui nous intéresse.

Enfants Guillard

Jean Marie François pendant la guerre

A la déclaration de guerre, Jean Marie François rejoint son régiment, le 7ème Régiment d'artillerie de Campagne.

Lors de la mobilisation, le 7e régiment d'artillerie de campagne était en garnison à Rennes, rattachée à la 10e brigade d'artillerie, il constituait l'artillerie de la 19e division d'infanterie. Au cours de la guerre, le 7e R.A.C. a perdu 12 officiers, 27 sous-officiers et 135 canonniers. Le régiment a été cité une fois à l'ordre de l'armée, une fois cité à l'ordre du corps d'armée, deux fois cité à l’ordre de la division. La troisième batterie du régiment a été citée à l'ordre de la 2e armée.

Année 1914 : Transporté par voie ferrée vers la région de Vouziers début août, les premiers coups de canon ont lieu le 21 août près d'Arsimont, suivis d'une marche de repli. Le régiment prend ensuite part à la Première Bataille de la Marne. À partir du 28 septembre, le régiment opère dans le secteur d'Amiens.

Année 1915 : De mars au 23 juillet, le régiment prend position dans le secteur d'Arras. Ensuite il occupe avec la 19e division d'infanterie la région de l'Argonne.

Année 1916 : Le régiment prend part à la bataille de Verdun du 25 février au 4 septembre. La troisième batterie du régiment est citée à l'ordre de la 2e armée : « La 3e batterie du 7e régiment d'artillerie, soumise du 21 février au 1er mai et du 1er mai au 25 juin à bombardements d'une violence inouïe qui lui ont fait perdre plus de la moitié de son personnel, s'est maintenue malgré tout [...] »  (Général Nivelle le 18 juillet 1916)

Année 1917 : Après une période d'instruction et de manœuvres au camp de Mailly, il participe à la Bataille des monts de Champagne à partir du 25 avril. Le régiment est mis à disposition de la 7e D.I. à partir du 30 août. En novembre le régiment est avec la 37e D.I. pour dégager la côte 344 et est cité à l'ordre de cette division le 3 décembre 1917.

Année 1918 : Le régiment rejoint aux Eparges la 19e D.I. qui tient ce secteur. Combats en avril et mai dans le secteur de l'Ailette. La Bataille de l'Aisne à laquelle il prend part jusqu'au 14 juillet qui lui vaut une citation à l'ordre du 30e corps d'armée le 20 juin : « Le 7e régiment d'artillerie de campagne, sous le commandement du lieutenant-colonel d'Hangouwart, a montré pendant les opérations qui se sont déroulées du 27 mai au 17 juin 1918, de superbes qualités manœuvrières et un splendide dévouement. A réussi, grâce à la bravoure et à l'initiative de tous, à aller au devant des besoins de l'infanterie qu'il était chargé d'appuyer et a contribué à la réussite d'attaques extrêmement difficiles. En particulier les 5, 9, 12 et 17 juin a rempli sans défaillance, sans le moindre ralentissement, toutes ses missions, malgré les bombardements extrêmement violents qu'il a subis. » Le régiment participe à la seconde bataille de la Marne dans le secteur de la Vesle. Toute la 19e D.I. est citée à l'ordre de la 10e armée le 30 août 1918.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0. Source : Article 7e régiment d'artillerie (France) de Wikipédia en français (auteurs)

Jean Marie François est mort le 26 septembre 1918. Il avait été évacué le 20 septembre à l'hôpital d'évacuation 218 à Géradmer pour cause de maladie. Dans l'historique du régiment disponible ci-dessous, voici ce qu'on peut trouver sur cette période : 

Vosges (26 août-16 octobre 1918) : Retiré du combat le 5 août, le régiment s'embarque le 9 à Château-Thierry et débarque à Ligny-en-Barrois, d'où il se rend par étapes dans les Vosges (région de Corcieux ; arrivée le 26 août). Pendant le mois de septembre et la première moitié d'octobre il reste en position dans le secteur d'Anould tenu par la 19e D. I. Sauf quelques coups de main de peu d'importance, le séjour dans ce secteur fut très calme...

Notre breton avait 38 ans. Son nom figure sur les monuments de Banassac, de Irodouër son village natal et de Levallois Perret.
(voir sa fiche Geneanet)

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