Jean Gal et Victoire Fages, une histoire d'amour ?

Le 03/01/2022 0

Dans Les Lozériens

Jean Gal et Victoire Fages sont mes sosas 66 et 67. Tous les deux sont originaires du Causse Méjean, lui de Nivoliers, elle de Drigas. Il font partie de mes ancêtres préférés, ceux qui m'ont donné le plus de fil à retordre. Pour l'époque, leur histoire sort de l'ordinaire. Même si je leur ai déjà consacré une page, j'avais envie de les remettre en avant dans ce billet.

Qui sont-ils ?

Jean est né en 1771 à Nivoliers, berceau de la famille de sa mère. Son père, lui, était originaire de Drigas. Il était le fils ainé d'une famille qui semblait assez prospère. Vers 1800, il s'installe à Hures, toujours célibataire, et participa activement à la vie de la nouvelle municipalité. On le retrouve souvent comme témoin dans les actes de la mairie. 

Arbre de Jean Gal (3 générations)

Victoire, elle, est beaucoup plus jeune. Elle est née à Hures en 1791, second enfant de la famille. Ses parents faisaient partie de la petite bourgeoisie du village. Son père Paul, qualifié de bourgeois de Hures, était percepteur pour la commune. Sa mère était une Pourquery du Bourg. Elle perd son père très tôt, elle n'avait que 7 ans. Sa mère l'a laissée avec ses frères et soeurs aux bons soins de sa tante, Marie-Thérèse Fages, vieille fille, et a préféré retourné vivre "au Château des Pourquery". 

Arbre de victoire fages

11 janvier 1810, naissance de mon ancêtre Marianne Victoire

Ce jour-là, Victoire, âgée de 19 ans, accouche d'une petite fille dans le village de Saint-Drérézy, dans l'Hérault, qui est quand même à plus de 100 km de Hures, bien loin de sa famille. A-t-elle été éloignée lorsque sa "position" est devenue trop visible ? Chez une connaissance de la famille ? Aucun indice pour le moment ne permet de répondre à la question.

Mais c'est bien Jean qui vient déclarer la naissance à la mairie. Il est dit alors "cultivateur à Saint-Drérézy. J'aime à imaginer qu'ils sont partis tous les deux, face à l'hostilité de leurs familles respectives.

" [...] est comparu jean gal âgé de trente-sept ans profession de cultivateur demeurant à St drérézy lequel nous a déclaré que le onze du dit mois a huit heures du soir, il est né un enfant du sexe féminin qu’il nous a présenté et auquel il a déclaré vouloir donner les prénoms de Marianne Victoire se reconnaissant pour le père de cet enfant et l’avoir eu de Victoire Fage âgée de dix-neuf ans, lequel enfant est né en la maison sise à la place du sieur martin fermier. [...]

Une seconde petite fille et un mariage

Deux ans plus tard, c'est Louise Anne qui nait à Montaud, à quelques kilomètres de Saint-Drérézy. Encore une fois, Jean vient déclarer sa fille à la mairie. Il habite ce village depuis environ un an, Victoire l'a suivi donc.

Naissance de louise anne

Les deux amoureux attendent quatre mois et se marient à Montaud le 27 novembre 1812. Leur filiation est clairement établie dans l'acte de mariage mais aucun parent ni ami de Lozère n'est présent. Ils reconnaissent leurs deux filles à cette occasion. Maintenant que leur union est légitimée, la petite famille retourne habiter à Hures.

La vie à Hures

Dans le petit village de Hures, la vie semble reprendre son cours normal. Certes, quelques problèmes de partages des biens des parents de Victoire interviennent en 1813. La maison familiale, laissée depuis la mort du père à la garde de la vieille tante Marie-Thérèse, a vu disparaitre un certain nombre de meubles. Victoire et sa soeur ainée Marie-Jeanne, mariée de Pastorel, se mettent d'accord sur l'état de l'inventaire.

Et les enfants naissent : Marie-Sophie en 1813 (décédée à 5 ans), Marie-Thérèse en 1815, leur premier garçon Jean-Fortuné en 1817 (il ne vivra que 18 mois), une seconde Marie-Thérèse en 1823, Marie-Adélaïde en 1825, Jean-Fortuné en 1827 et Jean-Paul en 1829. A la naissance de ce dernier, Jean a 57 ans et Victoire 37 ans. Leurs premiers enfants sont en âge de se marier et en 1833, Marianne Victoire, l'ainée, épouse à Hures, Pierre-Jean Boulet.

On n'entend plus guère parler d'eux par la suite jusqu'en 1843 où leur fille Marie-Thérèse (la petite), épouse à Nimes Eugène Rivet, cordonnier de son état. Jean et Victoire ne sont plus dits domiciliés à Hures, mais à Drigas.

Et ils sont repartis ...

Le 18 aout 1847, leur fils Jean-Paul se marie à Nimes. Dans son acte de mariage, ses deux parents, vivants, sont dits domiciliés à Aulas (Gard). Jean y serait cultivateur. Il a alors 75 ans. Seuls deux de leurs enfants sont mariés : Marianne Victoire vit à Drigas, la jeune Marie-Thérèse vit à Nimes avec son mari cordonnier. Restent avec eux, Louise Anne (35 ans), Marie-Thérèse (32 ans) et Marie-Adélaïde (22 ans).

Aulas est un petit village à côté du Vigan, à peu près à mi-chemin entre Hures et Nimes. Le couple s'y serait donc installé entre 1843 et 1847. Pourquoi ? Et l'on va voir que le mystère ne s'arrête pas là...


18 février 1849, Jean meurt à Aulas

Jean décède donc à Aulas. Son acte de décès ci-contre, disponible sur le site des AD30, mentionne les faits suivants : Il est dit âgé de 78 ans (ce qui correspond peu ou prou à son âge), il n'est pas décédé chez lui mais chez Frédéric Nogarède, cultivateur. Mais surtout, il est mentionné comme :"mendiant de passage, n'ayant aucun domicile réel". Aucune mention de sa femme, ni de ses enfants, ni du fait qu'il vivait dans ce village depuis quelques années comme cultivateur... 

Il s'agit bien de lui, car la date et le lieu de décès sont rappelés dans les actes de mariage de ses filles encore célibataires en 1849 et qui se marieront à Nimes.

Quels revers de fortune a donc essuyé cette famille en quelques années seulement ?

Que devient le reste de la famille ?

A la mort de Jean, Victoire a 57 ans et encore trois de ses filles avec elle. Je perd leur trace jusqu'en 1862. Victoire a 70 ans et vit à Saint-Gilles, au sud de Nimes. Elle donne procuration devant notaire à sa fille Marie-Thérèse ainée, pour se marier à Nimes à Henri Paulin Rousset, employé de commerce. Le couple n'est pas tout jeune et n'aura pas d'enfant.

Pourquoi Saint-Gilles ? Louise Anne s'est mariée avec Jean-Claude Condamine, natif de Beaucaire et propriétaire à Saint-Gilles (je n'ai pas trouvé leur acte de mariage). Victoire vivait donc chez sa fille et son gendre. Celui-ci meurt en 1861.

Victoire et ses filles vont alors s'installer dans la ville de Nimes, chez Marie-Thérèse. Et en 1866, deux décès : celui de Marie-Adélaïde, 40 ans, restée célibataire en avril et celui de Victoire en décembre, déclaré par son gendre Paulin Rousset.

 

Ce couple aura eu une vie compliquée et pleine de péripéties, et toutes les questions n'ont pas de réponses. Cette branche d'ailleurs se prête à la rédaction de multiples sujets d'articles. Je vous invite à lire : Où est passé Jean-Baptiste Claude de Pastorel ? ou le mystère planant autour du beau-frère de Victoire, Un bel exemple de mariages consanguins : les familles Fages Pastorel où le petit frère de Victoire, Fortuné, joue un rôle majeur. Mais également à regarder la page concernant les parents de Victoire et remonter sa généalogie côté maternel où l'on peut trouver les derniers chouans de l'Aveyron.

  • 1 vote. Moyenne 5 sur 5.

Ajouter un commentaire

Anti-spam