O comme Où est passé Jean-Baptiste Claude de Pastorel ?

Dans l'armorial du Gévaudan du Vicomte de Lescure, on trouve les indications suivantes :

Famille de la région de Florac, qualifiée noble au XVIIème siècle. Elle a possédé les seigneuries de Javilhet, Bastugnes, les Badieux.
Noël Pastorel fut vicaire général de l'évêque Claude Duprat.
Pierre Pastorel, sieur de Cabrières, vivait en 1606.
Noble André de Pastorel représenta le baron de Peyre aux états de 1619. Il épousa vers 1610, Marguerite de Corsier de Javilhet. Leur fille Eléonor épousa le 21 janvier 1652, Sylvestre de Saint Martin, sieur des Chazes.
Noble Pierre de Pastorel était bailli de Florac en 1621.
Noble Jean- Louis de Pastorel, sieur de Cabrières, était consul de Florac en 1641.
En 1698, cette famille était représentée par :
1°) Sylvestre de Pastorel, sieur de Cabrières, de Florac.
2°) François de Pastorel, demeurant à Chamborigaud.
3°) Alexandre de Pastorel, seigneur de Chadenet, demeurant à Molines.

Le 4 février 1708, noble Pierre de Pastorel, sieur de Chadenet et Javilhet, habitant à Molines, épousa Marie de Gisquet de Montlatour, de Mende.
Un membre de cette famille figura sur la liste des émigrés du département de la Lozère en 1793.
Cette famille s'est éteinte, en 1880, avec M. l'abbé Privat de Pastorel de Bastugnes, curé de Saint Pierre des Tripiers.

Jean-Victor Pastorel père serait décédé le 6 avril 1801 à Molines, comme il est indiqué dans l'acte de mariage de son fils plus bas. On ne trouve pas trace de son décès, ni dans les registres, ni dans les tables décennales, que ce soit à Ispagnac ou à Quézac.

Sa femme Thérèse, est bien décédée le 21 nivose an 9 (11 janvier 1801), l'acte ci-dessous tiré des registres de Quézac en atteste. Elle n'habitait plus Molines mais certainement chez son fils à Quézac. Elle n'est pourtant pas mentionnée veuve dans cet acte, mais épouse.

Le déclarant de son décès était Jean-Baptiste Claude Pastorel, son fils qui a signé en bas de l'acte. Nous verrons que cette signature est peut-être celle de Joseph Victor.

Le 9 mai 1808, Joseph Victor, alors âgé de 34 ans, épouse Marie-Jeanne, l'ainée de la famille de Paul Fages et Jeanne Marie Marthe Pourquery, à Hures. Paul Fages est décédé depuis 1798 et sa femme est repartie vivre au Bourg (Rivière-sur Tarn), dans la maison familiale Pourquery. C'est sa mère, Catherine Rozier, et son frère Désiré (grand-mère et oncle de la future mariée) qui ont donné procuration pour ce mariage.

L'an 1808 le neuvième jour du mois de mai par devant nous maire officier de l'état civil de la commune d'Hures canton de Meyrueis département de la Lozère, sont comparus le sieur Joseph Victor Pastorel âgé de 35 ans originaire du lieu de Molines commune d'Ispagnac département de la Lozère propriétaire foncier habitant actuellement au lieu et commune de Quézac susdit département de la Lozère, majeur, fils de feu sieur Victor Pastorel de son vivant noble seigneur de Chadenet décédé au lieu de Molines commune d'Ispagnac susdit département de la Lozère le 6 avril 1801 comme il est constaté par l'acte de décès à nous livré par ledit Sr Joseph Victor Pastorel et de dame Thérèse de Bosquier mariés quand vivoit au susdit lieu de Molines commune d'Ispagnac susdit département de la Lozère décédée le 22 nivose an 9 comme il constate par son acte de décès à nous livré par ledit sieur Joseph Victor Pastorel. Et demoiselle Marie Fages âgée de 18 ans habitante au lieu et commune d'Hures mineure de feu Sr Paul Fages décédé audit Hures le 29 mai 1798 ainsi qu'il constate par son acte de décès et de demoiselle Marie Pourquier veuve dudit Sr Paul Fages habitante au lieu et commune du Bourg département de l'Aveyron depuis environ 6 ans, laquelle n'a pu faire procuration pour cause de maladie et d'infirmité, et en son absence on nous a pourvu de la procuration de dame Catherine Rozier veuve Pourqueri habitante au Bourg département de l'Aveyron ayeulle de ladite Delle Marie Fages, ladite procuration reçue par Félix Julien homme de loi et notaire impérial à la résidence de Rivière le 24 avril 1808, vue aussi l'approbation du sieur Désiré Pourquery de Rivesaltes oncle maternel de ladite demoiselle Marie Fages pour laquelle procuration et approbation ils consentent au mariage projeté de demoiselle Marie Fages avec le sieur Joseph Victor Pastorel. Laquelle procuration et approbation demeureront annexées dans le présent, lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux et dont les publications ont été faites devant la principale porte de notre maison commune savoir la première le dimanche 24ème jour du mois d'avril dernier à l'heure de midi et la seconde le dimanche premier jour de mai courant aussi à l'heure de midi. Les mêmes publications que dessus ont eu lieu à la commune de Quézac les mêmes jours, heures et an que dessus ; aucune opposition audit mariage ne nous ayant été signifiée faisant droit à leur réquisition après avoir donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées et chapitre 6 du titre du code civil intitulé du mariage avons demandé au futur époux et à la future épouse s'ils veulent se prendre pour mari et pour femme, chacun d'eux ayant répondu séparément et affirmativement déclarons au nom de la loi que Sr Joseph Victor Pastorel et demoiselle Marie Fages sont unis par le mariage. De quoi nous avons dressé acte en présence du Sr François Fages âgé de 40 ans habitant au lieu et commune d'Hures oncle paternel de la future épouse, premier témoin ; d'Etienne Valgalier âgé de 40 ans habitant aussi audit Hures second témoin ; de Jean Gal âgé de 36 ans habitant aud Hures troisième témoin, d'Antoine Gal âgé de 40 ans habitant au lieu et commune d'Hures quatrième témoin ; lesquels après qu'il leur en a été donné lecture ont signé avec nous et les parties contractantes.

Les signatures en bas de l'acte de mariage sont les suivantes :

Après leur mariage, Joseph Victor et Marie-Jeanne s'installent à Quézac et ont six enfants  : 

Les incohérences continuent ... Pourquoi certains enfants, déclarés à la naissance fils de Joseph Victor, se retrouvent lors de leur mariage enfants de Jean-Baptiste Claude... Pour couronner le tout, l'acte de décès de "Joseph Victor" du 2 octobre 1848, sur les registres de Quézac, porte les prénoms de Claude Victor !

Voici en fonction des différents actes, les signatures récoltées en fonction de leur attribution :

Il semblerait bien qu'il s'agisse de la même personne, soit Joseph Victor, identifié comme tel lors de son mariage, et ensuite parfois prénommé comme son frère ainé, mais pourquoi ?

Une autre piste pourrait être la liste des Chevaliers de l'Ordre Royal de Saint-Louis. Créé par un édit de Louis XIV d'avril 1693, l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis est constitué de trois grades : chevalier, commandeur et grand-croix. Il honore les officiers de terre et de mer ayant fait preuve de bravoure militaire et ayant servi le roi plus de 10 ans.

La nomination dans l'Ordre n'était pas réservée aux nobles, mais aux catholiques. En 1791, l'Ordre est uni au mérite militaire sous le nom de Décoration militaire et la décoration est supprimée en octobre 1792. Mais Louis XVIII, roi en exil après l'exécution de son frère Louis XVI en janvier 1793, continue à nommer des officiers émigrés et des chefs vendéens dans l'Ordre de Saint-Louis. A son retour en France en 1814 il recrée l'ordre de Saint-Louis.

Tous les deux, sur différents actes, sont qualifiés de Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis. Or, en recherchant sur Les Chevaliers de Saint-Louis 1693-1830 (Service Historique de la Défense (Vincennes) : Série Xq, Ordres et décorations, documents relatifs à l'ordre de Saint-Louis), on ne trouve que la mention de Jean-Baptiste Claude, distingué le 9 avril 1817 du grade de Chevalier, qualifié d'ancien officier.

Une autre mention de Jean-Baptiste figure sur la liste des pensionnaires en 1833, où il est déclaré émigré. (Liste générale des pensionnaires de l'ancienne liste civile)

Si on revient aux données de Lescure sur la famille Pastorel, il est bien mentionné qu'un fils était émigré lors de la Terreur, certainement lui. Mais où ? Je n'ai pas encore trouvé son dossier !