Semaine 35 : Les châteaux de la Malène

Le 28/08/2022 0

Dans Les Lozériens

Cet été, les flaneries villageoises m'ont conduite dans un village des gorges du Tarn qui m'est cher, la Malène. Riche de son patrimoine et de son histoire, cette bourgade mérite les nombreux articles que je lui ai consacrés.

Voici un petit rappel des châteaux présents sur la commune, ainsi que la généalogie d'une famille à leur origine, les "de Montesquieu".

Le Ron de Montesquieu

Non Loin du hameau de l'Angle, à vingt minutes en aval de la Malène (rive droite), en haut, sous la falaise, on voit une façade de maison aujourd'hui inhabitée. C'est une simple façade, le creux de rocher prenant le soin de parachever les trois autres côtés de l'habitation. Ce lieu s'appelle Fenêtre Blanche. Il est regardé comme une antique demeure de troglodytes. La maçonnerie en est très ancienne. C'est, à ce qu'on croit, le château primitif des de Montesquieu, celui des temps préhistoriques où fut le berceau de cette grande famille.
Plus tard, à une époque qu'il est impossible de déterminer, les de Montesquieu transportèrent leur résidence sur la rive opposée du Tarn, en face du hameau de l'Angle. Ils se bâtirent une citadelle imprenable au sommet d'un énorme rocher qui jaillit vigoureusement du sol et domine tout ce qui l'entoure. C'est le Ron de Montesquieu. A sa base s'ouvre une caverne demi-circulaire qui fut habitée, au temps de la Révolution, par des prêtres ou des royalistes proscrits.

Le château du Planiol

Vers le XIIIème siècle, les seigneurs de Montesquieu abandonnèrent leur demeure aérienne pour aller s'installer dans une autre place forte qu'ils avaient fait édifier sur la croupe d'un roc qui s'allonge en promontoire à travers le lit de la rivière. Ce château fort fut appelé le Planiol, parce qu'il dominait à l'Est, une belle surface d'eau paisible. Ses restes encore considérables témoignent de son ancienne importance.
Le 25 janvier 1588, le marquis d'Albignac, seigneur du Triadou, commandant d'une armée de huguenots, s'en empara et, après l'avoir saccagé, y établit une garnison protestante qui acheva de le dévaster. Pierre de Montesquieu, un ligueur déterminé, rentra le 1er avril suivant, en possession de son manoir qui fut restauré, mais, le 3 mars de l'année suivante, le marquis d'Albignac s'en empara pour la seconde fois. Il fut repris après un siège de 15 jours, puis rasé par l'ordre de l'Evêque. Avant sa destruction, la famille de Montesquieu s'était fait construire le château actuel de la Malène, entre le village et le Tarn.

Le château de la Malène

Ce château rendit de signalés services à la cause royale sous Louis XIII. Le Baron de Montesquieu arrêta en 1617 une troupe de protestants accourant au secours d'Andradieu maitre du fort de Grèzes. En 1622 et 1628, il fit encore bonne garde pour empêcher le duc de Rohan de monter dans le haut Gévaudan par la trouée de la Malène. De tels services firent excepter son château dans l'ordre que donna Richelieu d'en raser un grand nombre.
Le château de la Malène fut incendié en 1793 et imparfaitement restauré depuis avec les restes du Planiol.

Il est aujourd'hui transformé en hôtel restaurant : Le Manoir de Montesquiou

 

Sources :

  • Archiprêtré de Barjac - chapitre la Malène (Abbé Achille Foulquier)
  • Site Châteaux de Lozère

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En faisant un tri dans la documentation amassée depuis un moment, je suis retombée sur un mémoire très intéressant et richement documenté, réalisé en 2018 par Manon Lanièce, alors étudiante en Master Pro 2 Valorisation du Patrimoine et Développement Territorial. Ce document, disponible sur camaléo, est tellement bien fait que je ne peux m'empêcher de vous le partager ; le voici.

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Effectivement, ce site, présumé comme étant "le plus vieux château de France" est situé sur le promontoire rocheux qui surplombe le village, et figure sans doute la première occupation de ce qui sera plus tard la Malène.
Oubli réparé, avec beaucoup d'aide des différents documents disponibles sur internet ... et sur papier !

Château du Planiol (©AD48)

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C'est les vacances !!! En Lozère évidemment !
Je peux enfin refaire le tour des villages, archives, églises, mairies, cimetières  pour compléter mes informations. Par contre, dans mon petit village du Méjean, la connection internet est ... fantaisiste et ne me permet guère de faire des articles approfondis. Pour ne pas casser le rythme hebdomadaire de parution, voici un rectificatif sur la série des maires de la Malène.

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Lorsque l'on se promène dans les rues de la Malène, on ne peut pas manquer le rocher de la Barre, encore noirci par les flammes de l'incendie du 31 octobre 1793. Le site de la mairie nous dit ceci :

Dans les Gorges du Tarn, des prêtres réfractaires se cachèrent dans les grottes pour échapper aux républicains. Seuls les paysans locaux connaissaient l’emplacement de ces cachettes, qui pour la plupart, ne sont atteignables qu’en barque. Les réfugiés furent aidés par les habitants qui leur apportèrent des vivres. D’après les habitants, près de Rieisse au Roc des Hourtous, une grotte est surnommée « la Grotte des prêtres ». Elle aurait autrefois servi de refuge.
Durant l’automne de l’année 1793, les troupes Républicaines se rendirent dans les Gorges du Tarn pour débusquer les royalistes qui s’y seraient réfugiés. C’est à cette occasion, le 31 Octobre 1793, que des soldats envahirent le village de La Malène. Durant plusieurs jours, ils pillèrent les maisons de leurs richesses, de leurs meubles et de leurs vivres. Les habitants furent pris en otage et furent chassés des maisons avant que l’on ordonne d’y mettre le feu. Le Rocher de la Barre et certaines maisons de la rue du Barry, conservent encore les traces de cet incendie. On raconte que l’on entreposait les noix sous les toits pour les faire sécher, le feu, créa une fumée noire qui laissa son empreinte sur les murs et les parois rocheuses.
Après ce ravage, les républicains réquisitionnèrent tous les hommes du bourg et les conduisirent aux prisons de Rodez. Ce n’est qu’après plusieurs mois de détention qu’ils purent rejoindre leur village. Nombreux sont les habitants qui décédèrent durant cet hiver.

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"Le mardi 11 juin 1793, fête de saint Barnabé et grande foire à Florac, l'aube se leva sur la guillotine, dressée près d'une large fosse, entre l'église et le vieux cimetière. A dix heures, les portes du château s'ouvrirent pour quarante condamnés. Le cortège s'avança entre deux haies de gardes nationaux, au roulement lugubre et intermittent du tambour, sur lequel planait le chant des litanies de la Sainte Vierge, entonnées, dit-on, par un Persegol, auquel ses compagnons de supplice répondaient d'une voix ardente, qui fit monter bien des larmes aux yeux des spectateurs de cette procession tragique."

(Delon - La Révolution en Lozère)

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Nos 52 prisonniers arrivèrent tous à Florac le 29 mai 1793, à la tombée de la nuit, et furent remis aux autorités. Le dimanche, 2 juin, le tribunal les déclara « hors la loi, convaincus de révolte et émeute contre-révolutionnaire ; de s'être revêtus d'un insigne de rébellion ; d'avoir cherché à envahir le territoire de la République ; d'avoir provoqué le rétablissement de la royauté par des cris multipliés de « Vive le roi! » ; de s'être répandus dans diverses communes et dans divers cantons, pour exciter les citoyens à la révolte ; d'avoir pris le prétexte de la religion et de Jésus-Christ, pour se porter à de pareils excès. »

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Les martyrs de la Malène (Episode 1 : l'arrestation)

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Le contexte historique

Nous connaissons tous l'état de la France en 1793. C'était le temps de la Terreur, de la persécution, des délations, des déportations, des échafauds, de la tuerie sous toutes ses formes de citoyens par des citoyens. Bientôt, une partie de la population s'insurge contre la constitution civile du clergé, contre le serment constitutionnel des prêtres, mais également contre les levées militaires destinées à renforcer les armées révolutionnaires.

Le mouvement, démarré dans l'ouest de la France, gagne bientôt la Lozère, dont une partie de la population, profondément catholique, bascula dans la contre-révolution.

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