Diamants volés, destin scellé !

Le 04/11/2025 0

Dans La Lozère

Il arrive parfois qu’un arbre généalogique réserve des surprises. Dans les familles où l’on s’attend à trouver des figures de notables, surgit parfois un rameau plus tourmenté. C’est le cas de Marie Louis Dauphin Avesque, né à Meyrueis en 1854, fils de Louis Dauphin Avesque (1818-1872), boulanger, négociant et greffier de la justice de paix. Une position honorable, qui faisait du père une figure respectée du bourg. Mais le destin du fils allait prendre une toute autre tournure : celui du tribunal correctionnel, puis des assises.

Le résumé des faits

En 1876, Marie Louis Avesque est domestique à Marseille, chez Madame Blanc Fournel, logeuse en meublé rue Breteuil. L’affaire se déroule le 21 août. Profitant de l’absence de sa maîtresse, il se fait remettre une clé par la domestique de la maison, pénètre dans l’appartement inoccupé et ouvre une armoire à glace contenant bijoux et argent.
Le butin est conséquent : 400 francs en numéraire, une montre en or, des bagues, un bracelet, deux paires de boucles d’oreilles. Le jeune homme, déjà tenté par de plus menus larcins, ajoute à son tableau une sacoche de cuir noir et quelques effets volés à d’autres locataires.

Après son coup, Avesque disparaît. Les recherches restent vaines jusqu’à ce qu’il se constitue lui-même prisonnier à Lyon, où il remet aux autorités une partie des bijoux et avoue avoir confié le reste à sa maîtresse restée à Genève. Geste de remords ou simple calcul ? Difficile à dire.

À peine 23 ans, et déjà trois condamnations correctionnelles derrière lui, prononcées à Villefranche, Lyon et Marseille. L’audience de 1877 n’est donc pas la première confrontation du jeune Lozérien avec la justice. Mais cette fois, le dossier est plus lourd : le vol est qualifié, commis au préjudice de son employeuse, avec préméditation.

 

Le verdict

Le 2 mars 1877, la cour d’assises se réunit. L’atmosphère est solennelle. Sur la table, les bijoux restitués scintillent comme autant de preuves muettes. Les dépositions se succèdent, celle de Mme Fournel notamment, qui décrit la disparition de ses biens à son retour d’une promenade au Prado.
Le substitut de la République insiste sur la récidive et demande de rejeter toute circonstance atténuante. Face à lui, un jeune avocat, Maître Pompéi, plaide avec chaleur : il demande non seulement l’indulgence, mais l’acquittement pur et simple, arguant de la jeunesse de l’accusé.

Le jury est implacable. Verdict affirmatif sur toutes les questions. Marie Louis Dauphin Avesque est condamné à huit ans de réclusion, cinq ans de surveillance de la haute police et aux dépens. Les bijoux restitués sont rendus à Mme Fournel, et l’audience est levée.

Prison

À 23 ans, le fils du greffier de Meyrueis voit son avenir brisé. L’écart est saisissant entre la position du père, homme de loi au service de la justice de paix, et celle du fils, voué à la réclusion et à la surveillance policière.
Ce contraste illustre parfaitement le proverbe : « Ce sont souvent les cordonniers les plus mal chaussés ».

Les archives apportent un dernier éclairage sur le destin de Marie Louis Dauphin Avesque : il meurt le 29 janvier 1884 à Aniane, dans l’Hérault, à seulement 30 ans. Sur son acte de décès, il est dit garçon d'hôtel. Il n'aura pas purgé sa peine d'emprisonnement en entier, peut-être s'est-il amendé et a-il été relâché pour bonne conduite ?

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