A côté des combats ...

Le 01/11/2025 0

Dans La Lozère

Pour ce premier article du Challenge, J'ai souhaité revenir sur le Combat de la Parade, qui a eu lieu dans ce village du Causse Méjean le 28 mai 1944. L'article ci-dessous est extrait de la Lozère Libre du 19 mai 1946, deux ans après les évènements. Mon but n'est pas de raconter ce qui s'est passé, ce qui a déjà été fait et bien mieux que je ne saurais le faire, mais de mettre en avant une famille de ce hameau, qui a vécu cette tragédie de l'intérieur.

19460519 la lozere libre

Rappel des évènements de la Parade

À l’aube du 28 mai 1944, le silence du causse Méjean est brisé par les chenilles des véhicules allemands. La Wehrmacht encercle le hameau de La Parade, où s’est retranché depuis plusieurs semaines le maquis Bir-Hakeim, l’un des plus cosmopolites de la Résistance : Français, Espagnols républicains, Allemands antifascistes, Autrichiens, et même un Belge combattent ensemble contre l’occupant.

Ils sont une soixantaine ce matin-là. Leurs chefs – dont le commandant Barot, de son vrai nom Jean Capel – savent que l’étau se resserre. La trahison est venue d’en haut : le préfet de Lozère, Roger Dutruch, a dénoncé leur position aux autorités allemandes. L’encerclement est total.

Le combat s’engage. Les maquisards, mal équipés mais déterminés, opposent une résistance acharnée. Les balles sifflent entre les rochers du causse. Barot est abattu en tentant de percer les lignes ennemies. À ses côtés tombent Marcel Liotard, alias « Jimmy », Jean Farelle, et bien d’autres.

Au terme de l’assaut, 34 résistants sont tués. Certains meurent les armes à la main, d’autres sont capturés puis exécutés sommairement. Huit d’entre eux sont fusillés sur place, considérés comme francs-tireurs. Les 27 survivants sont emmenés prisonniers.

Le lendemain, 29 mai, dans le ravin de la Tourette, près de Badaroux, ces prisonniers sont alignés et fusillés par groupes. Aucun ne survivra. L’occupant veut frapper fort, à la veille du Débarquement.

Ce massacre frappe durablement la mémoire lozérienne. Après la Libération, les responsables de la trahison – Dutruch en tête – sont arrêtés et jugés. Certains seront condamnés à mort, d’autres à de lourdes peines de prison.

Un an plus tard, en mai 1945, les premières cérémonies commémoratives sont organisées à La Parade et à Badaroux. Rescapés, familles, habitants, élus et anciens maquisards viennent saluer la mémoire des disparus. Une stèle est érigée, un nom gravé dans la pierre : Bir-Hakeim, symbole d’un idéal de liberté et d’un combat sans frontières.

Chateau Lapeyre Monument Parade 2024
Le 27 mai 1945 a lieu la première cérémonie à La Parade en l’honneur des maquisards de Bir Hakeim au Château Lapeyre de la Borie (source : Musée de la Résistance en ligne) Une centaine de personnes étaient présentes, dimanche 26 mai 2024, à l’occasion de la commémoration du 80e anniversaire du combat du maquis Bir-Hakeim, à La Parade. (source : Midi Libre)

 

Nous sommes le 28 mai 1944 au matin, la bataille de la Parade a commencé et les maquisards sont réfugiés au Château Lapeyre à la Borie et tiennent la position face aux assaillants. L'extrait reproduit ci-dessous est issu du livre Le Maquis de Bir-Hakeim (Aimé Vielzeuf - René Maruéjol) et fait intervenir un des habitant de la Borie, un certain Séraphin Aigouy, jeune homme de 19 ans ...

Pendant que nos jeunes se défendaient comme des lions et abattaient les assaillants les plus témairaires, les deux véhicules qui amenaient le contingent désigné pour occuper le P.T. 966 parvenaient vers les 9 heures au haut de la côte de Meyrueis. Il dépassent un jeune homme, Séraphin Aigouy, qui s'acheminait à pied vers la Borie où habite sa mère, puis s'arrêtent brusquement. Aigouy a appris la veille à Meyrueis, l'installation de Bir Hakeim à La Parade. Il craint de se trouver mêlé à une attaque, et, à travers champs, il oblique vers Nabrigas. Les allemands reviennent sur leurs pas, le rejoignent, l'interrogent et l'obligent à retourner sur la route. Là, au milieu des soldats qui ont mis pied à terre, un jeune maquisard, les bras levés, est gardé à vue. C'est l'estafette que Barot avait envoyé en reconnaissance une heure plus tôt et qui, affairé autour de sa moto en panne, avait été cueillie inopinément. Les véhicules à bord desquels ont été hissés Aigouy, le maquisard et sa moto, reprennent leur route lentement [...]. Ils arrêtèrent deux fonctionnaires en tournée : un inspecteur des fraudes du service laitier et le facteur du pays, M. Grousset, qui s'enfurent rejoindre Aigouy et le maquisard laissés sous bonne garde le long de la route.

Qui était Séraphin Aigouy ?

La famille Aigouy

Pour ceux qui connaissent mon blog, vous l'aurez reconnu, Séraphin était de petit frère du Cousin, Armand del Fabre ! Vous avez presque toute la famille sur la plage de photos jointe.

Pour ceux qui découvrent cette famille à l'occasion de cet article, dans la famille Aigouy de la Borie, il y avait Léon, le père, le forgeron du village, décédé avant la guerre, en 1938 ; Léonie, la mère, restée veuve, soeur de mon arrière-grand-mère ; Armand, le fils ainé, "le Cousin" ; Marie, "la Cousine", Émile et Séraphin, les deux cadets.

Seraphin aigouy

(Clic sur l'arbre pour le voir en totalité - Les sosas 1 sont mes enfants - Je me suis identifiée en vert)

Le 28 mai 1944, Armand et Émile étaient déportés en Allemagne. D'après ce que j'en ai entendu, la famille n'avait guère que des nouvelles d'Armand, et était sans nouvelles d'Émile. J'imagine donc que l'angoisse à la vue des allemands attaquant la Borie devait être terrible ! 

En fin de matinée, les allemands obligèrent les habitants à se rassembler dans la salle du café Arnal, Léonie et sa fille Marie devaient être parmi eux, elles ont dû être terrifiées à la vue de Séraphin prisonnier dans le camion allemand alors qu'elles le pensaient en sécurité à Meyrueis.

Les habitants du village restèrent toute la journée sous bonne garde confinés au café Arnal. Ils furent autorisés à rentrer chez eux sur le soir. Séraphin et ses deux compagnons civils recouvrèrent leur liberté. La nuit du 28 au 29, les allemands continuèrent le pillage du village et la fouille des maisons, à la recherche des maquisards en fuite. La plupart des habitants n'osèrent pas réintégrer leur domicile et restèrent passer la nuit à la Parade. J'imagine que ce fut le cas de Léonie et ses deux enfants.

Ils ne savaient pas qu'au même moment, Émile, leur frère et fils, évadé depuis avril 1944, avait été repris et interné à Buckenwald. Ils apprirent des années après que sa mort a été constatée deux jours après l'attaque de la Parade, le 30 mai 1944 ... 

Si cet article vous a plu et que vous voulez en savoir plus sur la famille Aigouy de la Borie, je vous invite à lire les articles ci-dessous et à consulter la rubrique Armand del Fabre

Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

Anti-spam