C comme le puits Cinq-sous

Le 03/11/2021 0

Dans Les Bourguignons

Ce matin du 12 décembre 1867, une centaine de mineurs se répartissent dans les galeries du puits Cinq-Sous. A onze heure du matin, une formidable explosion retentit : tous les ouvriers du quartier de la Descenderie, tous ceux du quartier Nord ont été tués. Ce désastre fit 89 morts, 47 blessés, seuls 22 mineurs s'en sont sortis vivants.

La catastrophe de 1867

274 puits sainte eugenie d xxe

Le puits Cinq-Sous, rebaptisé par la suite puits Sainte-Eugénie, était situé dans la Cité des Alouettes, faisant partie de la nouvelle commune de Montceau les Mines.

Le nom de "Cinq-Sous" lui avait été donné car il était réputé pour sa dangerosité, et les mineurs y travaillant recevaient une prime de risque.

Déjà en 1851 et en 1853, des coups de grisou avaient fait 6 et 13 morts.

Les titres du Courrier de Saône et Loire

Courrier saone et loire 18671214

14 décembre 1867

Qu’il nous suffise de constater sommairement le résultat de ce terrible accident.

Vingt hommes valides sortirent du puits, trente autres furent extraits respirant encore et puis … on retira cinquante-sept cadavres !...

Cinquante-sept cadavres !... Est-ce-tout ? Non, on suppose qu’il en reste encore trente-quatre dans les galeries bouclées par les éboulements… Nous nous sommes trouvés dans vingt incendies, nous avons vu d’épouvantables inondations, mais jamais spectacle plus navrant que celui dont nous avons à vous entretenir ne s’est offert à nos yeux. Des voitures de cercueil ébauchés à la hâte se dirigent en file sur l’hospice. Là, des cadavres sont alignés… Les uns sont noircis comme s’ils eussent été frappés de la foudre, d’autres ont la face d’un rouge écarlate et conservent encore la couleur de la flamme qui les a rongés.

Et puis, l’hospice n’étant pas assez vaste pour contenir tant de douleurs, une école voisine lui sert de succursale ! Les malheureux qui gisent là sont affreux, leur corps est une boursoufflure, leurs mains disparaissent dans le coton qui maintient les lambeaux de chair brûlée, leur visage est calciné, mais ils vivent et les sœurs de St-Vincent-de-Paul sont à leurs chevets. Ces sœurs, froides comme le devoir, impassibles devant la mort, soulagent tous ces pauvres êtres ou prient pour les autres… les autres, c’est-à-dire ceux qui ne sont plus.

Ce spectacle est affreux, nous le répétons, mais ce n’est rien encore. Toutes ces familles éplorées, cherchant à reconnaitre au milieu des cadavres défigurés, un père, un fils, un frère ; ces cris de douleurs, ces cris de désespoir, tout cela est inénarrable. Une jeune femme vient réclamer son époux, elle est veuve, et quinze jours se sont écoulés depuis son mariage. Une autre, dans un état de grossesse avancée, apprenant que le grisou vient de tuer son mari, met au monde son cinquième enfant, orphelin avant de naitre. Plus loin, deux femmes se disputent un cadavre, la mort l’a tellement rendu méconnaissable qu’on ne sait à qui le rendre !...

17 décembre 1867

Après moultes déclarations et discours de M. Jules Chagot, député et co-gérant des Mines de Blanzy et du Monceau, l'Empereur envoie un de ces aides de camp pour apporter des secours à la population.

21 décembre 1867

La catastrophe ne fait déjà plus les permiers titres, seul un court entrefilet la rappelle.

Courrier saone et loire 18671221

En 1872, une explosion fit encore 39 victimes. En 1865, 28 victimes et une vingtaine de blessés avant sa fermeture définitive vers 1900.

19 décembre 1867

C'est cette fois-ci l'impératice Eugénie, qui émue devant la catastrophe, fera parvenir à la ville de Montceau de nombreux dons et témoignages de sympathie (le puits a été rebaptisé Sainte-Eugénie en son honneur)

Courrier saone et loire 18671219

Et ma famille dans tout cela ?

Mon quadrisaïeul, Pierre Branchet (ou Branché), est né à Gourdon en 1799. Cultivateur, puis charron, il se marie en 1817 avec Geneviève Pallot, une jeune fille d'Uxeau. Ils habitent jusqu'en 1836 à Sanvignes, puis s'installent dans la cité des Alouettes à Blanzy, après la naissance de leur sixième enfant. Sur leurs 7 enfants, les cinq garçons sont mineurs aux Mines de Blanzy et du Monceau, ... et leurs deux filles épousent des mineurs. Tous travaillaient au puits Cinq-Sous à l'époque de la catastrophe. 

Deux de leurs garçons y resteront, ainsi qu'un de leurs petits-fils :

  • Philippe, marié, père de 9 enfants, âgé de 38 ans, ainsi que son fils ainé Antoine, qui n'avait que 12 ans. Le corps de Philippe n'a été retrouvé que le 21 décembre.
  • Philibert, marié, père de 2 enfants, âgé de 28 ans.

Philippe

Antoine

Philibert

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