Ivresse et internement : Le cas Augustin Boulet

Le 10/11/2025 0

Dans La Lozère

Dans mon article de l’an dernier consacré à l’hôpital de la Celette, Issoire, j’évoquais le mystère entourant l’internement d’un collatéral, Augustin Boulet, cordonnier originaire de Hures, en Lozère. Rien, dans les registres, n’éclairait les raisons de cette mise à l’écart, sinon une note lapidaire mentionnant sa présence et sa mort à l’asile.

En poursuivant mes recherches dans la presse ancienne, je suis tombée sur un fait divers rapporté par Le Petit Clermontois du 14 janvier 1888.

Cette brève, anodine à première vue, ouvre pourtant une piste. Elle suggère qu’Augustin avait déjà eu maille à partir avec la justice, et qu’il multipliait les conduites jugées déviantes : ivresse publique, violences, troubles à l’ordre.

18880114 petit clermontois

L’ivresse publique, un problème social au XIXᵉ siècle

À la fin du XIXème siècle, la question de l’alcoolisme prend une ampleur considérable en France. Les cabarets et débits de boisson se multiplient, et l’ivresse publique devient un problème à la fois social et politique.

La loi du 23 janvier 1873 avait renforcé la répression des «ivresses publiques et manifestes» : chaque contrevenant était passible d’amende, voire de prison en cas de récidive. Les journaux de l’époque publient régulièrement des listes de condamnations, preuve que le phénomène préoccupait les autorités.

Mais l’alcoolisme n’était pas seulement perçu comme une faute morale ou une infraction : il était aussi vu comme une maladie sociale, capable de détruire des familles entières. Les sociétés de tempérance, les médecins et certains magistrats poussaient à considérer les alcooliques chroniques comme des malades, parfois dangereux, qu’il fallait mettre à l’écart.

Lutte contre l'alcoolisme

Entre justice et asile

Le cas d’Augustin Boulet s’inscrit pleinement dans ce contexte : ses antécédents judiciaires (coups et blessures, troubles publics), ses arrestations pour ivresse répétée.

Il est donc possible que la répétition de ses délits ait fini par convaincre ses proches, ou les autorités locales, de demander son internement à l’asile de la Celette où il finira sa vie. Dans bien des cas, c’était le sort réservé à l'époque aux individus perçus comme «incorrigibles», surtout lorsqu’ils conjuguaient alcoolisme, violences et marginalité.

Je n’ai pas encore trouvé le détail de sa condamnation pour coups et blessures, qui doit se cacher dans les archives judiciaires de la Lozère. Peut-être au prochain Challenge ?

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