Semaine 33 : Visite de Meyrueis, partie 1

Le 14/08/2022 0

Dans Les Lozériens

Il y a quelques années, j'avais fait la visite commentée de Meyrueis animée par le formidable Philippe Chambon. Evidemment, je n'avais pas pris de notes. N'ayant pas pu me rendre cette année aux horaires des "flaneries villageoises", j'ai parcouru la ville (sous la canicule !) en me servant du guide bien pratique de l'Office de Tourisme. Je vous propose de m'accompagner dans ma promenade.

Un peu d'histoire ...

Meyrueis nait dès la période romaine, sur une terrasse dominant le confluent de la Jonte avec la Brèze et le Béthuzon. Des vestiges d'habitations et un sanctuaire, datés des débuts de l'ère chrétienne, ont été découverts vers 1980 au quartier du Claouset. Le nom "Meyrueis" dérive-t-il de la position de la cité : "midiis riviis" - au milieu des ruisseaux, de la nature des sols : "marogium" - lieu marécageux ou bien d'un propriétaire dénommé Maurus ? La question reste ouverte. Possédée d'abord par les Wisigoths de Septimanie puis par les Sarrasins d'Espagne, la contrée rejoint l'Empire franc sous le règne de Charlemagne.
Centre d'une puissante baronnie dès le Xème siècle, Meyrueis marque les frontières entre le Languedoc, auquel elle appartient, face aux Comtés voisins du Rouergue et du Gévaudan. Étape sur le "camin ferrat", importante voie de commerce et de transhumance entre Auvergne et Bas-Languedoc, le cité devient, dès le Xème siècle un lieu d'échanges : ses foires et son marché hebdomadaire, attesté dès 1033, attirent les négociants des trois provinces.

Ce "camin ferrat" voit aussi passer de nombreux pèlerins, descendant par la "costo roumivo" (actuel GR6) vers la grande abbaye languedocienne de Gellone à St Guilhem le Désert où le tombeau de St Guilhem et la relique de la Sainte Croix attirent les foules.
Municipalité autonome depuis 1229, Meyrueis est un centre d'activité lainière (cardeurs, tisserands, foulons) qui peu à peu se spécialise dans la chapellerie. Acquise dès 1550 à la Réforme Protestante, la cité connait deux siècles de conflits et de convulsions religieuses, qui ont profondément marqué son patrimoine et ses mentalités. Malgré ce, la prospérité économique s'établit peu à peu, avec l'essor des chapelleries, l'établissement de plusieurs filatures de laine et de fabriques de bas de soie et de coton. Le négoce, notamment des bêtes de somme, devient très actif autour de 1780.
Rattachée lors de la Révolution Française au nouveau département de la Lozère, Meyrueis perd son rôle administratif (suppression de la Cour de Justice et de la Lieutenance royale) mais poursuit son essor économique et démographique. L'apogée est atteint vers 1850, suivi d'une longue période de déclin, encore accentuée par les ravages de la Première Guerre Mondiale.

Cependant, la naissance et l'essor du tourisme dès les années 1880 ont permis de limiter les effets de cette récession. De nos jour, cette activité constitue, aux côtés de l'élevage et des divers services et structures d'accueil, l'un des piliers de l'économie du canton. Meyrueis est aujourd'hui une petite cité d'un millier d'habitants, fière de son histoire, mais résolument tournée vers l'avenir.

Philippe Chambon

Le Rocher du Château

Dominant la cité d'une cinquantaine de mètres, le Rocher portait, dès le Haut Moyen Age, la forteresse des barons de Meyrueis, branche cadette de la puissance famille cévenole d'Anduze. Au gré des héritages, le château et la baronnie appartinrent successivement aux Rocquefeuil, aux comtes de Rodez, à ceux d'Armagnac puis aux Ducs d'Alençon, avant d'échoir à la famille d'Albret Navarre. La reine Jeanne de Navarre légua la baronnie à son fils, Henri de Bourbon. Devenu Henri IV, roi de France et de Navarre, il réunit en 1607 ses possessions personnelles à la couronne française. Place forte sur les frontières du Languedoc, du Rouergue et du Gévaudan, le château subit plusieurs assauts au cours de la guerre de 100 ans et des Guerres de Religion du 16ème siècle, avant de recevoir une garnison royale au 17ème siècle. Entre 1620 et 1629, Meyrueis et les villes protestantes du Midi et de l'Ouest, sous la conduite du duc de Rohan, entrèrent en révolte contre Louis XIII. En mai 1628, à la tête de plusieurs milliers d'hommes, le duc vint mettre le siège devant le château, tenu par le capitaine Régis et 130 soldats restés fidèles au Roi. Après trois semaines de blocus, les assiégés durent capituler. Ce fut l'un des derniers succès de Rohan. Sa défaite, sanctionnée par l'Edit de Grace d'Alès entraina la destruction des fortifications des villes insurgées. Démantelé en 1632 et abandonné, il ne reste que quelques vestiges épars de l'antique castel des barons. En 1876, l'on édifia à son emplacement la chapelle N.D. du Rocher, objet de deux pèlerinages annuels.

Philippe Chambon

Plan de Meyrueis au 17ème siècle (Gallica)

Plan de la visite

Le plan de la visite, disponible sur le site de l'Office de Tourisme, nous entraine sur un parcours numéroté que j'ai essayé de reconstituer ici.

Cette première partie portera essentiellement sur Meyrueis "intra-muros", correspondant aux limites des anciennes fortifications de la ville.

Visite de Meyrueis, partie 1 par Emmanuelle Déchamps
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