Le 21 mai 1817, le Tarn n’était pas une rivière tranquille mais une masse d’eau tumultueuse qui balayait tout sur son passage. Ce jour-là, un habitant de la Borie, commune de la Parade, nommé Dufour, tenta de traverser à cheval la rivière, du côté de la Malène. Le cheval, emporté par le courant, perdit pied. Dufour, qui ne lâchait pas la bride, risquait d’être entraîné au fond, ballotté entre les rochers et condamné avec sa monture.
Les habitants, alertés, se rassemblèrent sur les rives, impuissants devant la scène. C’est alors que deux hommes de la Malène, Pierre-Jean Monginoux et Jean-Antoine Bonnefoi, n’écoutant que leur courage, se jetèrent dans le torrent, tout habillés. Bonnefoi tenta à deux reprises d’atteindre le cavalier, sans succès. Mais Monginoux, plus heureux, parvint à saisir l’homme et son cheval, les entraînant jusqu’au rivage. Le cavalier, transi et épuisé, fut promptement réconforté, tandis que Monginoux, saisi par le froid, resta longtemps incommodé.
Les fils Monginoux n’en étaient pas à leur premier exploit. Déjà en 1808, Jean-Baptiste, le frère, avait sauvé un voisin tombé dans le Tarn, empêtré au fond de la rivière dans les racines et les herbes. En 1813, il avait arraché à la noyade une servante de Vachin de Rouveret entraînée par les eaux. En 1815, c’est un jeune berger qu’il avait sauvé de la même manière. En quelques années, cette famille s’était imposée comme les anges gardiens des rives de la Malène.