Braves du Tarn

Le 02/11/2025 0

Dans La Lozère

Le Tarn grondait ce jour-là, charriant ses eaux sombres entre les rochers des gorges. Un cavalier imprudent s’aventura dans le gué, mais bientôt, cheval et cavalier furent happés par le courant. Sur la rive, les cris d’effroi fusèrent. Et soudain, deux braves hommes de la Malène se jetèrent dans les flots déchaînés. C’est cette scène héroïque, rapportée par le Journal de la Lozère en 1817, que nous allons retrouver, dans tout le lyrisme et la ferveur d’une époque où la presse savait transformer un sauvetage en épopée villageoise !

La petite musique des journaux du XIXème siècle

Lire un journal du XIXème siècle, c’est entrer dans un univers où l’écriture avait un ton bien particulier. Les articles mêlaient souvent pathos et emphase, avec des phrases longues, des tournures précieuses, et une volonté constante de moraliser les faits. Chaque événement – un sauvetage, une noyade, un procès – devenait l’occasion de souligner la bravoure, la faiblesse humaine ou la grandeur d’âme.

Les rédacteurs aimaient parsemer leurs récits de mots forts : dévouement héroïque, funeste accident, terrible catastrophe. Le style visait à émouvoir autant qu’à informer, en insistant sur la dimension exemplaire des faits rapportés.

On retrouve aussi un goût pour le détail circonstancié : noms, lieux, témoins, professions… tout était rapporté pour donner une impression de vérité indiscutable. Enfin, la presse locale servait aussi de vitrine : elle exaltait les gestes des habitants, renforçant la fierté communautaire et parfois la reconnaissance attendue des autorités.

Autrefois, un sauvetage devenait une page d’épopée : phrases solennelles, morale édifiante et héros donnés en exemple. Aujourd’hui, on se contenterait sans doute d’un titre en trois mots, quelques lignes expéditives… et d’une vidéo virale sur les réseaux sociaux !

Résumé des faits

Sauve du tarn

Le 21 mai 1817, le Tarn n’était pas une rivière tranquille mais une masse d’eau tumultueuse qui balayait tout sur son passage. Ce jour-là, un habitant de la Borie, commune de la Parade, nommé Dufour, tenta de traverser à cheval la rivière, du côté de la Malène. Le cheval, emporté par le courant, perdit pied. Dufour, qui ne lâchait pas la bride, risquait d’être entraîné au fond, ballotté entre les rochers et condamné avec sa monture.

Les habitants, alertés, se rassemblèrent sur les rives, impuissants devant la scène. C’est alors que deux hommes de la Malène, Pierre-Jean Monginoux et Jean-Antoine Bonnefoi, n’écoutant que leur courage, se jetèrent dans le torrent, tout habillés. Bonnefoi tenta à deux reprises d’atteindre le cavalier, sans succès. Mais Monginoux, plus heureux, parvint à saisir l’homme et son cheval, les entraînant jusqu’au rivage. Le cavalier, transi et épuisé, fut promptement réconforté, tandis que Monginoux, saisi par le froid, resta longtemps incommodé.

Les fils Monginoux n’en étaient pas à leur premier exploit. Déjà en 1808, Jean-Baptiste, le frère, avait sauvé un voisin tombé dans le Tarn, empêtré au fond de la rivière dans les racines et les herbes. En 1813, il avait arraché à la noyade une servante de Vachin de Rouveret entraînée par les eaux. En 1815, c’est un jeune berger qu’il avait sauvé de la même manière. En quelques années, cette famille s’était imposée comme les anges gardiens des rives de la Malène.

Mais qui étaient ces sauveteurs ...

Dans les nombreuses familles Monginoux de mon arbre, je cherche Jean-Baptiste, adjoint au maire et son frère Pierre-Jean ...

7 famillesJ'ai quand même quelques soucis pour faire correspondre les Monginoux que je connais à ceux évoqués dans l'article ...

La plupart des Monginoux de la Malène sont les descendants du couple Pierre-Jean Monginoux et Marie-Anne Perségol, nos sosas 774 et 775. Je n'ai gardé dans l'arbre ci-dessous que les garçons dont les prénoms correspondent à ceux cités dans l'article et qui pourraient avoir l'âge requis pour procéder à un sauvetage en 1817 (sachant en plus que le dénommé Jean-Baptiste avait réalisé le même exploit en 1808, 1813 et 1815).

Ces héros pourraient être les fils de Jean-Antoine et Marianne Poujol (points d'interrogation verts) mais :

  • Jean-Baptiste serait né en 1792 d'après sont acte de décès, donc ne serait pas l'ainé mais le cadet de Pierre-Jean ... Après les estimations des âges ne sont pas exacts.
  • Et je ne trouve pas de mention qu'il ait été adjoint au maire ...

Autre possibilité : Ce serait Pierre-Jean (point d'interrogation bleu). Alors le journal se serait trompé de frère et ... il aurait eu un autre frère prénommé Jean-Baptiste ? 

 

 

Tout ceci n'est pas bien grave !
Les héros ont été récompensés comme l'indique l'article du même journal paru dans l'exemplaire du 10 aout 1817 :

Journal de la Lozère 10 aout 1817

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