On raconte que, dans la rue des Montceaux, Émiland Branchet et Jeannie Bernardet n’étaient pas seulement voisins : ils se croisaient chaque jour, lui revenant de l’atelier, elle sortant de chez ses parents, l’aiguille encore au bout des doigts.
Les maisons étaient proches, les familles se connaissaient, et les jeunes gens aussi — peut‑être un peu plus qu’ils ne voulaient bien l’admettre.
Alors, quand ils se présentent à la mairie de Montceau‑les‑Mines, le 12 mars 1877, quelque chose saute aux yeux :
Jeannie est très enceinte.
Le premier enfant, Jeanne, naîtra… quarante‑trois jours plus tard.
Dans les familles, on ne s’en étonne pas vraiment. À l’époque, on se marie souvent “par nécessité”, comme on disait pudiquement.
Mais on imagine très bien la scène : les mères qui s’affairent, les pères qui toussotent, les voisins qui savent déjà tout, et Jeannie, 19 ans, le ventre rond sous sa robe, avançant d’un pas décidé vers l’officier d’état civil.
Émiland, lui, a 22 ans. Il signe d’une main sûre.
Il reconnaît l’enfant à venir, il prend Jeannie pour épouse, et la vie peut commencer — un peu plus tôt que prévu, mais avec une détermination qui ne les quittera plus.