21 décembre

Le 21/12/2025 0

Dans Les Bourguignons

Nous revoici après un jour d'absence. Hier, il y a eu un doublon dans le tirage au sort - sosa 36 est retombé - Mieux aujourd'hui : il nous faut présenter notre sosa 58. Il s'agit d'Émiland Branchet, un de mes AA grands-pères maternels.

 
 

J'ai déjà parlé d'Émiland et de sa famille dans quelques articles dont vous trouverez le lien plus bas. C'est l'occasion de refaire une synthèse et de présenter plus précisément ce personnage.

Aux Montceaux : naissance d'un enfant de la mine

Émiland naît le 10 février 1855, aux Montceaux, hameau de Blanzy, au cœur du bassin minier.
Son père, Louis Branché, est mineur ; sa mère, Françoise Noël, ménagère.
Il grandit dans un monde où le charbon rythme les journées, où les hommes descendent sous terre et où les femmes tiennent la maison, solides comme des piliers.

Emiland Branchet

Jeannie Bernardet, sa future femme, naît le 8 mai 1857, à Blanzy également.
Son père, Claude Bernardet, est charpentier en bateaux, sa mère, Jeanne Lapré, couturière. Une famille d’artisans, habituée au travail précis, au geste sûr.

Jeannie Bernardet

Un mariage ... qui n'attendait plus

On raconte que, dans la rue des Montceaux, Émiland Branchet et Jeannie Bernardet n’étaient pas seulement voisins : ils se croisaient chaque jour, lui revenant de l’atelier, elle sortant de chez ses parents, l’aiguille encore au bout des doigts.
Les maisons étaient proches, les familles se connaissaient, et les jeunes gens aussi — peut‑être un peu plus qu’ils ne voulaient bien l’admettre.

Alors, quand ils se présentent à la mairie de Montceau‑les‑Mines, le 12 mars 1877, quelque chose saute aux yeux :
Jeannie est très enceinte.
Le premier enfant, Jeanne, naîtra… quarante‑trois jours plus tard.

Dans les familles, on ne s’en étonne pas vraiment. À l’époque, on se marie souvent “par nécessité”, comme on disait pudiquement.
Mais on imagine très bien la scène : les mères qui s’affairent, les pères qui toussotent, les voisins qui savent déjà tout, et Jeannie, 19 ans, le ventre rond sous sa robe, avançant d’un pas décidé vers l’officier d’état civil.

Émiland, lui, a 22 ans. Il signe d’une main sûre.
Il reconnaît l’enfant à venir, il prend Jeannie pour épouse, et la vie peut commencer — un peu plus tôt que prévu, mais avec une détermination qui ne les quittera plus.

Une famille sur les routes

Quand on suit leurs traces, on a l’impression de feuilleter un atlas.

  • Montceau-les-Mines
  • Bourg-en-Bresse
  • Mâcon
  • Rive-de-Gier
  • Beaurepaire
  • et enfin, Chalon-sur-Saône, dont ils ne partiront plus.

À chaque ville, un atelier, une fonderie, une verrerie.
À chaque ville, un enfant qui naît.
Parfois un enfant qui meurt.

On imagine les déménagements : quelques meubles, des caisses, des outils, des vêtements pliés à la hâte. Jeannie qui installe la nouvelle maison, encore et encore. Émiland qui repart travailler dès le lendemain.

Arrivés à Chalon, Émiland travaille tout d'abord aux Verreries Aupècle avant d'embaucher aux Fondeurs Réunis ou sa route croise celle des frères Bolusset ...

Tour de France famille Branchet

Une grande fratrie

Jeannie met au monde neuf enfants dont plusieurs meurent très jeunes : Claude Marius, Marius, Aimé…
Des prénoms qui n’auront vécu que quelques mois ou quelques années.

Mais d’autres survivent, s’installent, se marient :

  • Jeanne, l'ainée, née en 1877. Elle a épousé Louis Bonnet, mouleur en fonte. Ils ont beaucoup bougé : Montceau-les-Mines, Lyon, Lons-le-Saunir, Dole ... Louis est décédé à Lyon en 1914.
  • Marie‑Lucile, mon arrière-grand-mère, dont j'ai déjà abondamment parlé.
  • Françoise Gladie, surnommée Glodia, née à Rive-de-Gier en 1887. Elle se marie avec François Guipont, verrier. Ils n'auront qu'un seul enfant, Georges. François a été tué pendant la Grande Guerre. Glodia a vécu jusqu'en 1976.
  • Eugénie Marie, surnommée Louise (Va-t-on savoir pourquoi ...), également née à Rive-de-Gier en 1890, mariée avec François Berthier, mort pour la France en 1915. Mes parents sont restés très liés avec leur seul enfant, Abel.
  • Émilie Antoinette, née en 1892 à Beaurepaire, en Isère. Elle se marie avec son cousin germain François Bernardet.
  • Émile Laurent, le seul garçon, est né à Chalon-sur-Saône en 1898. J'ai déjà raconté son histoire dans un article.

1899 : la maison se tait

Jeannie meurt jeune, à 42 ans, le 21 novembre 1899, avenue Boucicaut à Chalon-sur-Saône. Émiland déclare le décès lui-même, accompagné de son gendre Louis Bonnet.
On imagine la scène : un homme de 44 ans, déjà marqué par le travail, soudain veuf, avec des enfants encore jeunes.

Une seconde chance

Deux ans plus tard, il se remarie avec Émilie Chetot. Sa femme, est également veuve de Louise Robin, phototypeur et a deux jeunes enfants, Louis et Perrine. Tous les petits seront élevés ensemble dans cette famille reconstituée.

Emiland Branchet et Emilie Chetot


La vie continue, comme elle le doit. Les enfants grandissent, se marient, quittent la maison. Émiland poursuit sa carrière, respecté, solide, presque patriarche. Il poursuit sa carrière aux Fondeurs Réunis, où il devient directeur. Un parcours remarquable pour un homme né dans un hameau minier.

Un long chemin jusqu'à 1944

Émiland vit jusqu’à 89 ans, une longévité exceptionnelle pour son époque. Il meurt en 1944, en pleine guerre, à Chalon‑sur‑Saône, entouré de sa famille. C’est sa fille Émilie Antoinette qui déclare son décès

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