M comme les trois frères MONESTIER de Laval du Tarn

Le 15/11/2022 3

Dans Les Lozériens

Encore une fois, une famille cruellement touchée par la guerre. Nous partons cette fois-ci dans le village de Laval-du-Tarn, sur le causse Sauveterre, plus précisément dans le hameau de Lueysse, berceau de cette branche Monestier.
Decoration gravure soldat francais fusil baionnette

Plantons le décor

Jean-François Clément, Urbain Camille et Paul Émile étaient tous trois fils de Placide Monestier et Marie-Victoire Fages. Les parents s'étaient mariés en 1874. Le père était propriétaire à Lueysse, également le maçon du hameau. La mère était originaire de la famille Fages du Mazel Bouissy, commune de la Malène. La famille était composée de :

Les liens renvoient aux fiches matricules disponibles.

La vie à Laval-du-Tarn

Placide et Victoire, jusqu'en 1886, vivent une vie de labeur mais paisible, leurs sept premiers enfants ont tous survécu et sont en bonne santé. La fin de l'année 1886 voit naitre un petit Placide Marius. Le pauvre ne vivra qu'un seul mois. Victoire retombe rapidement enceinte et le 12 février 1888, Marius Placide voit le jour. Rapidement, les parents se rendent compte que quelquechose ne va pas chez cet enfant ; difficile, instable, le verdict tombera pendant son service militaire : "folie maniaco-dépressive". Il est définitivement réformé.

Monestier marius placide

Extrait de la fiche matricule de Marius Placide

Le couple aura encore deux autres enfants : une petite fille qui ne vivra pas et le "petit dernier", Paul Émile.

Le premier mariage a lieu en 1896. Leur fille ainée Berthe Marie, âgée de 18 ans, est mariée à Jean Basile Boulet, un cultivateur du hameau de Parros, à Ispagnac. Agé de 16 ans de plus que sa fiancée, il ne participera pas à la Grande Guerre.
Le 15 octobre 1906, le père décède à l'âge de 67 ans. En décembre, leur seconde fille Joséphine Marie épouse aussi un Boulet prénommé Urbain Antoine originaire du Choizal. Atteint d'exostose, il vivra la Guerre en service auxiliaire en qualité de bûcheron au Vigan.

En 1908, c'est le second des garçons, Amédée Émile, qui se marie. Il a 32 ans. Sa femme, Marie-Rosalie Roujon, est originaire de Chaumels, petit village de la commune de Sainte-Enimie. Amédée Émile fera la Guerre, lui aussi, dans le 56ème Régiment d'Artillerie. Il en est revenu, reprend la ferme de Lueysse après le décès de ses frères. Il est décédé en 1932.
Il reste deux filles à marier.
Maria Célina se marie en 1910 à Eugène Viscomte, cultivateur originaire de Haute-Loire ; et en 1912, c'est au tour de la plus jeune, Joséphine Philippine. Elle épouse Paul Auguste Bazalgette d'Ispagnac. Il sera tué en 1914, le 29 décembre, au combat de Saint-Eloi.

La veille de la guerre, il reste trois garçons célibataires : Jean-François Clément, 39 ans - Urbain Camille, 31 ans - Paul Émile, 22 ans. Tous trois sont cultivateurs sur la ferme familiale à Lueysse.

Le premier à tomber, Urbain Camille

Il semblait lui aussi un drôle de loustic. Sa fiche matricule nous donne quelques détails : "Condamné le 2 décembre 1912 à 8 jours de prison pour vol ; condamné le 11 mars 1913 à 8 jours de prison pour grivèlerie ; déclaré insoumis le 26 juillet 1913".
Il se présente néanmoins avec quelques jours de retard, le 7 aout 1914, au bureau de recrutement de Mende. Il incorpore le 142ème RI.
Il a été tué le 27 octobre 1914 au combat de Saint-Julien près d'Ypres.

 

Course a la mer

 

Première bataille de Ypres

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0. Source : Article Première bataille d'Ypres de Wikipédia en français (auteurs)

La première bataille d'Ypres, aussi connue sous le nom de bataille des Flandres, est la dernière bataille majeure de la première année de la Première Guerre mondiale qui eut lieu à Ypres en Belgique (1914). Elle marque, avec la bataille de l'Yser, la fin de ce que l'on nomma la course à la mer.

Déroulement

  • 10 octobre : offensive anglaise, en partant d'Ypres, sur Thourout, offensive française en direction de Roulers.
  • 19 octobre : la bataille d'Ypres commence.
  • 21 octobre : échec du 3e corps britannique dans la région de Comines, suspension de l'offensive.
  • 24 octobre : reprise de l'offensive.
  • 29 octobre : progression des troupes françaises vers la forêt d'Houthulst mais violente attaque repoussée par les Anglais à Gheluvelt.
  • 30 octobre : nouvelle attaque sur la droite des Anglais et repli. Arrêt de la progression du 9e corps du général Dubois qui envoie au général Haig trois bataillons de zouaves en renfort.
  • 31 octobre : le 1er corps anglais est percé mais le général Moussy sauve la situation. Le maréchal French songe à évacuer Ypres.
  • Reprise de Gheluvelt (2e régiment du Worcestershire) et de Messines.
  • 1er novembre : arrivée de Guillaume II à Thielt pour préparer son « entrée » à Ypres : cinq corps d'armée allemands sur le front de la ville, nouveaux renforts de Joffre à Foch.
  • Perte de Messines et Wytschaete, reprise de Wytschaete par la 32e DI, relève de troupes anglaises par le 19e CA.
  • 2 novembre : perte de Wytschaete par les troupes franco-anglaises.
  • 3 novembre : Dixmude résiste à de nouvelles attaques.
  • 5 novembre : Guillaume II quitte les Flandres pour le Luxembourg.
  • 10 novembre : attaque générale allemande.
  • 11 novembre : prise de Dixmude par l'armée allemande, mais sans débouché. Les Britanniques, qui subissent le plus fort de l'attaque, parviennent à stopper les Allemands à Ypres.
  • 12 novembre : les premières neiges laissent présager la fin des mouvements de l'ennemi dont les assauts s'enlisent dans les eaux boueuses face aux alliés accrochés à leurs positions.
  • Le 13 novembre, le 7e de cavalerie, en pointe devant Ypres, cesse d'être continuellement bombardé. Après 17 jours et 17 nuits de combats sans interruption, l'unité a perdu 30 % de ses effectifs.
  • 15 novembre : immobilisation des deux partis sur les positions conquises.

La seconde victime, l'ainé, Jean-François Clément

Vu son âge, 39 ans, on aurait pu penser qu'il serait dispensé de partir. Lui aussi a été déclaré insoumis le 19 décembre 1910. Et lui aussi s'est présenté volontairement au 123ème RI le 3 aout 1914. Il sera finalement dirigé vers le 342ème RI. Ce régiment était constitué des bataillons de réserve du 142ème (N° du régiment + 200), donc des hommes un peu plus "vieux".
Son régiment est également parti dans les Flandres. Il survit à la bataille qui a couté la vie à son frère mais est tué peu après, le 22 novembre à Hallebast, près d'Ypres.


Et le petit dernier, Paul Émile

Paul Émile faisait partie de la classe 1912. Tout d'abord classé dans les services auxiliaires pour "hernie volumineuse", il est finalement déclaré "bon pour le service armé" le 29 décembre 1914. Il intègre alors le 143ème RI. Savait-il déjà que ses deux ainés avaient été tués ? Peut-être pas, il semblerait que leurs avis de décès ne datent que de mars 1915.

Il est décédé de maladie à l'hôpital 18bis à Andouillé le 11 octobre 1916.

Hôpital 18 bis Andouillé (53)

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Commentaires

  • JULIEN Arlette

    1 JULIEN Arlette Le 10/02/2024

    Merci pour ces renseignements que je cherchais depuis longtemps J'habite à LUEYSSE et j'essaie de reconstituer son histoire . Merci encore et si vous avez d'autres infos vous pouvez me contacter. Cordialement,
    Arlette
  • Marthe

    2 Marthe Le 16/11/2022

    Laval-du-Tarn, j'y ai fait mes premières recherches tout juste hier ! (dans les archives en ligne, s'entend). Je découvre votre blog avec plaisir, ayant aussi des racines lozériennes (très consacrées à la frontière avec l'Aveyron, Séverac-le-Château / Le Massegros)
    edechamps

    edechamps Le 18/11/2022

    J'ai moi aussi quelques ancêtres dans ces coins : Fages, Jourdan au Massegros et quelques familles également à Séverac : Miqualet, Barathieu, Hugonnet, Vaquier ... N'hésitez pas à échanger !

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