Un bel exemple de mariages consanguins : les familles Fages Pastorel

Le 06/05/2021 0

Dans Les Lozériens

J'ai déjà parlé de la famille Pastorel dans un précédent billet, ainsi que de la famille Fages qui fait partie de ma lignée, plus précisément du couple Paul Fages et Jeanne Marie-Marthe Pourquery. L'étude de ces familles, plutôt bourgeois aisés, a mis en évidence également les mariages de leurs enfants, dont certains pourraient paraitre originaux : mariage entre cousins germains, voire même entre oncle et nièce !

Les personnages concernés

Desc paul fages

Je n'ai laissé figurer dans cet arbre que les enfants concernés dans cette histoire de mariage : Marie-Caroline Fages, fille de Fortuné, qui épouse en 1854 son cousin germain Jean-Victor Frédéric Pastorel, et le frère de ce dernier, Adolphe Ferdinand, qui épouse sa nièce Maria Olier, dix années plus tard.

Que dit la loi ?

Avant la Révolution, l'Eglise catholique avait instauré des règles de parenté pour vérifier s'il n'y avait pas empêchement au mariage. Quatre degrés de parenté posaient problème :

  • Premier degré : frère et soeur ayant au moins un parent en commun.
  • Second degré : cousins germains. Dans ce cas, il fallait obtenir une dispense papale.
  • Troisième degré : Cousins issus de germains (ayant des bisaïeux communs)
  • Quatrième degré : Cousins issus d'issus de germains (ayant des trisaïeux communs)

Degré de parenté selon le droit canon

Selon le Code Civil, le calcul se fait différemment :

Code civil

En droit civil, les mariages sont interdits entre :

  • ascendant et descendant, même en cas d'adoption (consanguinité au premier degré),
  • frère et sœur, même adoptés (consanguinité au deuxième degré),
  • oncle et nièce, neveu et tante (consanguinité au troisième degré) ; à noter que cette interdiction peut être levée par le Président de la République,
  • entre beau-parent et son gendre ou sa belle-fille ; à noter que cette interdiction peut être levée par le Président de la République si la personne qui a créé l'alliance est décédée.

Le droit français autorise en revanche le mariage entre belle-sœur et beau-frère, entre cousins germains, entre oncle et nièce adoptive et entre tante et neveu adoptif.

Mariage entre oncle et nièce entre les Pastorel et les Olier

Marianne Euphrasine Olympine Pastorel est née à Quézac le 2 janvier 1813 du mariage de Joseph Victor Pastorel et Marie-Jeanne Fages. Elle était l'héritière de la propriété du Bourg donnée par son grand-oncle Désiré Pourquery. Elle épouse le 26 mars 1836 Jean-Baptiste Octavin Olier, docteur en médecine originaire de Saint-Félix de Lodez, qui était installé à Montpellier à cette époque. Leur fille Maria dont il sera question y nait en 1837, puis le couple s'installe à Millau, place du Mandarous, où nait leur fils Henri en 1840. Octavin Olier n'habita jamais au Bourg, mais y surveilla attentivement l'exploitation du domaine de son épouse. Euphrasine est décédée au Bourg le 6 janvier 1871, à l'âge de 58 ans et son mari lui survécut jusqu'en décembre de la même année, où il décéde à Millau.

Euphrasine avait un frère plus jeune, Adolphe Ferdinand, né à Quézac le 15 janvier 1818. En 1864, il a 36 ans et est directeur des Postes à Millau. Sa nièce Maria a 27 ans. Elle est seule héritière de la propriété du Bourg, son frère Henri étant décédé à l'âge de 8 mois. Un mariage est alors conclu entre oncle et nièce, certainement pour garder la propriété dans la famille. Une dispense a été accordée par décret impérial vu leur degré de consanguinité.

L’an 1864 et le 19 septembre à dix heures du matin devant nous Jean Félix Julien officier de l’état civil de la commune de Rivière, canton de Peyreleau, arrondissement de Millau département de l’Aveyron, sont comparus publiquement en notre maison commune Monsieur de Pastorel Adolphe Ferdinand, directeur des Postes, domicilié à Millau, né à Quézac (Lozère) le quinze janvier 1828, fils légitime majeur de Monsieur Jean-Baptiste Claude de Pastorel chevalier de Saint-Louis, décédé audit lieu de Quézac le 2 octobre 1848 le tout résultant des extraits qui nous ont été présentés, et de dame Marie Fages sans profession domiciliée au Bourg en cette commune ici présente et consentante, Et demoiselle Maria Olier sans profession, nièce dudit Mr Adolphe Ferdinand de Pastorel, demeurant avec ladite dame Marie Fages sa grand-mère maternelle audit lieu du Bourg, née à Montpellier le 17 février 1837 suivant son acte de naissance qui nous a été présenté, fille légitime majeure de Mr Jean Baptiste Octavin Olier médecin et de dame Marie Olympie Euphrosine de Pastorel sans profession domiciliés à Millau à ce présents et consentants, Lesquels en vertu de la dispense du degré de parenté dont il est plus haut parlé qui leur a été accordé par décret impérial à la date du vingt cinq juin de la présente année enregistré au greffe du Tribunal civil de Millau le 8 septembre même année et dont ils nous ont présenté une expédition délivrée par le greffier dudit tribunal le neuf du courant qui demeurera ci annexé nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux et sont les publications ont été faites sur la porte d’entrée de notre maison commune les dimanches 4 et 11 septembre mois courant à 10 heures du matin sans aucune opposition, et sur celle de la maison commune de Millau les mêmes jours et aux mêmes heures sans aucune opposition suivant le certificat délivré par Mr le maire dudit Millau, faisant droit à leur réquisition et après avoir donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées et du chapitre six du code Napoléon intitulé du mariage nous avons demandé aux futurs époux s’ils veulent se prendre pour mari et pour femme, chacun d’eux ayant répondu séparément et affirmativement, nous déclarons au nom de la loi que les dits Mr Adolphe Ferdinand de Pastorel et Melle Maria Olier son unis par le mariage, les futurs époux par nous interpellés à l’effet de savoir s’il existe un contrat de mariage entre eux nous ont répondu qu’ils l’avaient passé aujourd’hui devant maitre Julien notaire à Rivière. De tout quoi nous avons dressé acte en présence de M M Paul Désiré Alphonse de Pastorel employé à la direction générale des postes demeurant à Paris âgé de 49 ans, Victor Frédéric de Pastorel propriétaire demeurant à Quézac (Lozère) âgé de 47 ans, l’un et l’autre oncles de la future épouse et frères du futur époux, Jean Privat de Pastorel de Bastugne curé à Saint Pierre des Tripiers (Lozère) âgé de 58 ans issu de germain avec le futur époux et Aristide Foussat curé demeurant à Boyne âgé de 60 ans non parent des futurs époux, et après lecture faite du présent acte nous l’avons signé avec tous les comparants et les témoins.

Le couple aura deux filles, Anne-Marie, mariée en 1888 à un propriétaire foncier des environs de Lodève et Jeanne Marie, née en 1867 et décédée célibataire en 1955 au Bourg à l'âge de 88 ans.

Adolphe Ferdinand est décédé au Bourg en 1888 à l'âge de 60 ans, sa femme Maria décède en 1909, à l'âge de 72 ans.

 

Mariage entre cousins germains entre les Fages et les Pastorel

Marie-Jeanne Fages, épouse de Joseph Victor de Pastorel avait un jeune frère, Fortuné, né après le décès de son père en 1798. Fortuné épouse en 1818 une jeune femme de Notre Dame de la Rouvière, Louise Rose Jeanjean, qui lui donne six enfants, dont Marie-Caroline, née en 1824. Entre 1851 et 1856, la famille est présente sur les recensements de Saint-Didier la Forêt, dans l'Allier, où Fortuné père est "Brigadier des forêts".

Le fils ainé de Marie-Jeanne, Alphonse Paul Désiré, marié et travaillant à Paris, c'est donc le cadet Jean-Victor Frédéric, qui gère la propriété de Quézac après la mort de son père. 

Le 26 aout 1854, à Saint-Didier la Forêt, Jean Victor Frédéric épouse Marie-Caroline, sa cousine germaine. Aucune mention de dispense n'est présente dans cet acte civil. Peu de parents proches sont cités, à part les parents de Caroline ainsi que son frère, Paul, sous-diacre.

L'an 1854, le vingt six aout à dix heures du soir, par devant nous Jean Baptiste Merle, maire officier de l'état civil de la commune de Saint-Didier, canton d'Escurolles, arrondissement de Gaunat, département de l'Allier, sont comparus Jean Victor Frédéric de Pastorel âgé de 37 ans, né et domicilié sur la commune de Quézac, canton de Sainte Enimie, arrondissement de Florac, département de la Lozère, propriétaire, fils majeur et légitime de défunt Joseph Victor de Pastorel, décédé en ladite commune de Quézac le deux octobre 1848 et de dame Marie Fages, âgée de soixante et un ans, sans profession spéciale, également domiciliée à Quézac, consentante au présent mariage ainsi qu'il résulte de la procuration passée le 23 juillet dernier devant maitre Jean Félix Julien notaire au Bourg, commune de Rivière, arrondissement de Milhau, département de l'Aveyron, laquelle procuration sera annexée au présent acte, d'une part.

Et demoiselle Marie Caroline Fages, âgée de 29 ans, née en la commune de la Rouvière, canton de Valleraugue, arrondissement du Vigan, département du Gard, sans profession spéciale, fille majeure et légitime de Fortuné Fages âgé de 54 ans, brigadier des forêts et de dame Rose Louise Jeanjean, âgée de 56 ans, l'un et l'autre présents et consentant à ce mariage, domiciliés en cette commune, ainsi que la future, d'autre part. 

Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux et dont les publications ont été faites en cette commune les dimanches 21 et 28 mai derniers, à dix heures du matin ; ces mêmes publications ont été faites en la commune de Quézac  les dimanches 9 et 16 avril derniers, à midi, ainsi que cela résulte d'un certificat négatif d'opposition à ce mariage délivré par le maire de ladite commune de Quézac, lequel certificat ainsi que les autres pièces produites par les futurs, sera joint au présent acte. Sur notre interpellation, le futur époux et la future épouse ont déclaré qu'ils n'ont point passé de contrat de mariage. Aucune opposition audit mariagene nous étant parvenue, après nous être fait représentés toutes les pièces exigées par la loi pour le présent mariage et en avoir donné lecture ainsi que du chapitre six du titre du code civil intitulé du mariage, faisant droit à la réquisition des futurs époux, avons demandé au futur époux et à la future épouse s'ils veulent se prendre pour mari et pour femme ; chacun d'eux ayant répondu séparément et affirmativement, déclarons au nom de la loi que Jean Victor Frédéric de Pastorel et Marie Cariline Fages sont unis par le mariage. De quoi avons dressé acte en présence de Paul Fages âgé de 26 ans, sous-diacre domicilié en cette commune, frère de la future, de Mausier Antoine âgé de 30 ans, fermier, domicilié en cette commune, ainsi que des parents de la future, de Coulon Sébastien âgé de 64 ans, propriétaire domicilié au bourg de cette commune, de Bessain Jean Marie, âgé de 49 ans, curé de cette commune lesquels contractants et témoins ont signé avec nous après qu'il leur a été fait lecture du présent acte, excepté Coulon qui a déclaré ne le savoir.

Le jeune couple s'installe à Quézac. Une fille, Marie-Caroline, nait le 22 mai 1855. Pour cette naissance peut-être difficile, la future maman était hébergée au Bourg. Son beau-frère Octavin Olier, médecin, devait certainement surveiller la grossesse. L'enfant ne vivra pas et décède à Quézac 3 mois plus tard. Le couple n'aura pas d'autre enfant. 

Frédéric Pastorel est décédé en 1873. Sa femme décède à Quézac en 1905. Sur son acte de décès, elle est appelée "Dame Caroline Fages de Pourquery".

Bibliographie

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