Xylographie

Le 27/11/2025 0

Dans La Lozère

La xylographie est un procédé d’impression qui consiste à graver une image ou un texte en relief sur une planche de bois, puis à encrer cette surface pour la presser sur un support comme le papier ou le tissu. Ce procédé permet la reproduction multiple d’un motif ou d’un texte.

Peu de chance que le document que je vais vous montrer ait été imprimé à l'aide de cette technique mais ... il me fallait une lettre X !!!

Buvard Aigouy

Ce buvard, arrivé jusqu'à nous en vidant une maison familiale, était distribué par Léon Aigouy, mon arrière grand-oncle, forgeron à la Parade sur le Causse Méjean (et non la Prade, l'impimeur s'est trompé !).
On y trouve une publicité pour le crésyl, un désinfectant à tout faire (toilettes, cuisine, poulaillers, clapiers ...) qu'il devait vendre à la forge. 
Le style évoque les années 1930–1950, période où les buvards publicitaires étaient très répandus.

Qui était Léon Aigouy ?

Ceux qui ont un peu parcouru ce blog le connaissent : Léon était le père d'Armand del Fabre qui à lui tout seul occupe une rubrique de ce site. Il était également père du "pauvre Émile" et de Séraphin qui a ouvert ce Challenge avec les évènements de 1944 à la Parade.

L'histoire des Aigouy

Cette histoire commence à la Volpilière, hameau de Saint-Pierre des Tripiers. Le texte reproduit ci-dessous fut écrit pour l'oraison funèbre d'Armand, en 1986. 

"La Volpilière fut autrefois un assez gros village. Les anciens se souviennent y avoir vu près de trente feux. Aujourd'hui deux, trois maisons sont vivantes tout l'an. Quelques autres accueillent leurs hôtes de temps en temps. Ces quelques maisons qui restent, de type caussenard, sont toutes très belles et nobles, même les plus simples comme la maison natale d'Armand. A deux pas de celle-ci, un arceau d'une fine élégance enjambe la rue comme un arc triomphal. Point de bois, point de poutres dans la construction de ces bâtisses ; une première voûte prenant appui  au sol porte tout le premier étage ; une seconde au-dessus supporte le toit de lourdes lauses ou pierres calcaires plates.

C'est le grand-père Aigouy, né à la Bourgarie, un hameau dominant les gorges du Tarn, qui vint faire souche dans ce village. Il disposait là d'une petite maison, dont le rez de chaussée s'aménageait, partie en cave et partie en atelier de forge. Un bref escalier extérieur conduit à l'étage occupé par la cuisine, et la seule chambre attenante, un peu surélevée d'ailleurs pour donner à la forge une hauteur suffisante. La maisonnette est précédée d'une courette fermée et qui porte à son claveau la date de 1834.

Cousin 3

C'est donc ainsi qu'il gagnait sa vie, grand-père Aigouy, en battant le fer pour le service du village et des hameaux voisins. Comment eut-il pu la gagner autrement ? Sa famille ne disposait que d'un jardinet dans le voisinage immédiat, et d'une toute petite parcelle labourable dans un bas-fond, le reste des 10 hectares de la propriété étant constitué de pâtis et de landes où vivotaient des pins sylvestres.
Le grand-père était forgeron, comme le sera son fils Léon qui lui succèdera.

Léon Aigouy est né en 1879 ; il épouse en mai 1908 Eugénie "Léonie" Boulet du village de Drigas, sur le plateau, un beau village encore, aux maisons très racées, et sûrement plus riches, car les propriétés y sont très vastes. Le 27 décembre 1911, ils accueillent avec joie leur premier enfant, un bel ainé qu'ils prénomment Armand Louis Joseph, déclaré le lendemain à la mairie de Saint-Pierre.

C'est donc à la Volpilière que notre Armand fera ses premiers pas et ses premières culbutes. Il n'aura pas le temps d'en garder le moindre souvenir, car à peine était-il sorti des langes que papa et maman lui faisaient les honneurs d'une nouvelle maison à la Borie à 400 m de la Parade. Mais si la Volpilière est un hameau perdu dans les ondulations du Causse, où l'on ne parvient que par un très mauvais chemin de pierres, la Borie comme la Parade sont traversées par une large route, une nationale, sur le trajet Meyrueis-Sainte Enimie. A la Borie, la forge de Mr Recouly se vendait. Léon Aigouy ne laisse pas s'envoler cette belle occasion : il l'achète. Comme de plus il trouve dans ce même village une maison à louer, la maison Dufour, la jeune famille déménage donc de la Volpilière pour s'installer à la Borie.

Cousin 4 19120505 l avant garde lozerienne

L'Avant-garde lozérienne 5 mai 1912

 

En décembre 1913, le bambin qui fête tout juste ses deux ans y accueille le sourire d'une petite soeur qu'on prénomme Marie.

Léon, le forgeron, "lou fabre" est connu de loin dans toute la région. C'et un rude et un vaillant qui vous fait de la belle ouvrage. C'est aussi un tempérament chaleureux, accueillant, aimant rendre service, un homme de bon sens qui sait donner de sages conseils à l'occasion et amener la paix. Et s'il s'emporte parfois un peu vivement, comme il arrive aux tempéraments généreux du Midi, il est le premier à en rire. Le papa est donc tout en rondeur, en franc parler, en bonhomie, en santé.

L'épreuve de la guerre 1914-1918 sera bien dure pour ce jeune ménage. Elle lui volera quatre ans de bonheur et lui donnera en échange quatre longues années de soucis, d'angoisses, de misères."

Après la guerre, la famille voit arriver Émile en aout 1918, puis Séraphin en 1925. Léon parait être une figure respectée du village. Il fait partie de la liste élue aux élections municipales de 1935. 

En 1937, il tombe malade et ne s'en remettra pas. Il est décédé à l'âge de 58 ans le 10 juillet 1938 et est enterré au cimetière de la Parade. Il parait que c'est lui qui a forgé les grilles du tombeau.

Il repose aujourd'hui aux côtés de sa femme décédée beaucoup plus tard en 1975 et de sa fille Marie, "la Cousine", partie en 2007. Il n'aura pas vécu les horreurs que la seconde guerre mondiale aura fait subir à sa famille.

19350512 la cevenne republicaine
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