C'est le grand-père Aigouy, né à la Bourgarie, un hameau dominant les gorges du Tarn, qui vint faire souche dans ce village. Il disposait là d'une petite maison, dont le rez de chaussée s'aménageait, partie en cave et partie en atelier de forge. Un bref escalier extérieur conduit à l'étage occupé par la cuisine, et la seule chambre attenante, un peu surélevée d'ailleurs pour donner à la forge une hauteur suffisante. La maisonnette est précédée d'une courette fermée et qui porte à son claveau la date de 1834.

C'est donc ainsi qu'il gagnait sa vie, grand-père Aigouy, en battant le fer pour le service du village et des hameaux voisins. Comment eut-il pu la gagner autrement ? Sa famille ne disposait que d'un jardinet dans le voisinage immédiat, et d'une toute petite parcelle labourable dans un bas-fond, le reste des 10 hectares de la propriété étant constitué de pâtis et de landes où vivotaient des pins sylvestres.
Le grand-père était forgeron, comme le sera son fils Léon qui lui succèdera.
Léon Aigouy est né en 1879 ; il épouse en mai 1908 Eugénie "Léonie" Boulet du village de Drigas, sur le plateau, un beau village encore, aux maisons très racées, et sûrement plus riches, car les propriétés y sont très vastes. Le 27 décembre 1911, ils accueillent avec joie leur premier enfant, un bel ainé qu'ils prénomment Armand Louis Joseph, déclaré le lendemain à la mairie de Saint-Pierre.
C'est donc à la Volpilière que notre Armand fera ses premiers pas et ses premières culbutes. Il n'aura pas le temps d'en garder le moindre souvenir, car à peine était-il sorti des langes que papa et maman lui faisaient les honneurs d'une nouvelle maison à la Borie à 400 m de la Parade. Mais si la Volpilière est un hameau perdu dans les ondulations du Causse, où l'on ne parvient que par un très mauvais chemin de pierres, la Borie comme la Parade sont traversées par une large route, une nationale, sur le trajet Meyrueis-Sainte Enimie. A la Borie, la forge de Mr Recouly se vendait. Léon Aigouy ne laisse pas s'envoler cette belle occasion : il l'achète. Comme de plus il trouve dans ce même village une maison à louer, la maison Dufour, la jeune famille déménage donc de la Volpilière pour s'installer à la Borie.