Ce jourd'huy quinzième du mois de novembre mil six cent quatre vingt et onze, environ les huit heures du matin à Perrecy, en la halle du dit lieu, ny ayant aucunx auditoire ny geôle, par nous François de FOSSE, Sieur de Giverdey, demeurant à Toulon, lieutenant civil criminel et de police du prieuré comté du dit Perrecy membres et dépendances , aux réquisitions de Mre Roger FLORIET procureur fiscal du dit prieuré et comté, instigant et seul partie, information a été faite à charge et décharge contre Mre Pierre DEMONTCHANIN, notaire royal au dit Perrecy, accusé d'avoir ce soir du dimanche quatorze octobre dernier, maltraitté de parolles Dame Nicole GODIN sa mère, veuve de Mre ... DEMONTCHANIN vivant Mre chirurgien, même de l'avoir battue et outragée le dit jour, avec scandale publique à tous ceux du voisinage, ainsi qu'il est plus amplement expliqué dans l'intendit du dit procureur fiscal de ce jourd'huy.
Et les témoins ayant été assignés par exploit de PETILLON notre sergent, au bas de notre commission et par vertu d'ycelle, ont été ouys secrettement et séparément et leurs dépositions rédigées par écrit par Guillaume GOUTIER, notaire royal au dit Perrecy, notre greffier ordinaire, le tout suivant l'ordonnance comme s'ensuit.
Damoiselle Reine ALBERT,
demeurante au dit Perrecy, agée d'environ dix neuf ans, ayant représenté la copie d'assignation à elle donnée par PETILLON sergent ce jourd'huy, à requête de Mre Roger FLORIET procureur fiscal, en cet intendit, par serment d'elle pris sur le Saint Evangile et promis de dire vérité sur le contenu de l'intendit du dit fiscal de ce jourd'huy, dont nous lui avons fait lecture, ayant déclaré n'être parente, alliée, servante, domestique, [dehui ?] ny malveillante du dit Sieur FLORIET ny du dit Sieur DEMONTCHANIN notaire royal qu'elle a dit bien connaître.
Dépose qu'environ les dix heures du soir du dimanche quatorze octobre dernier, étant dans une chambre de la maison de Dom Philbert ALBERT, prêtre sacristain et religieux du dit Perrecy, son frère, où elle réside avec les damoiselles ses mère et soeur, elle ouyt du bruit du côté de la maison du dit MONTCHANIN qui en est fort proche. Dans ce moment, la femme du dit MONTCHANIN les appela ce qui obligea le dit Sieur ALBERT, religieux sacristain, ses soeurs et la déposante, de sortir et d'aller comm'ils firent chez le dit DEMONTCHANIN, où elle vit que la femme du dit DEMONTCHANIN le tenoit par le corps, luy disant : « mon dieu, mon amy » et que la ditte GODIN, mère du dit DEMONTCHANIN tenoit son frère François DEMONTCHANIN lui disant « mon dieu, point de bruit, si ce n'est à cause de vous, que se soit pour l'amour de moi » . Et le dit Pierre DEMONTCHANIN s'estant retiré des mains de sa femme, prit deux pistollets et sorti de la maison, sur quoy la dite GODIN luy crioit qu'il emportoit des pistollets qui n'étoient pas à luy et qu'elle les feroient bien revenir avec le reste qu'il avoit.
Qu'est tout ce qu'elle a dit scavoir duement enquise, lecture faite à la dite demoiselle Reine ALBERT. De sa déposition a dit qu'elle contient vérité, qu' elle y persiste, ne veut taxe et s'est soussignée avec nous et notre greffier ainsy.
signé Reine ALBERT, DEFOSSE et GOUTIER, greffier avec paraphe.
Jacqueline DELORME,
veuve d'Honnête François GENDRE marchand demeurant à Perrecy, âgée d'environ trente huit ans, ayant justifié de la coppie d'assignation que luy a donnée PETILLON ce jourd'huy Par serment d'elle [ prit ? ] sur Saint Evangile, a promis dire vérité en l'information que le dit Sieur fiscal fait faire à l'encontre de Mre Pierre DEMONTCHANIN, notaire royal suivant l'intendit du sieur FLORIET dont nous luy avons fait lecture, ayant déclaré n'être parent, alliée, domestique, servante des parties de [ tiers?] ny malveillante d'ycelles, qu' elle a dit bien connaître, (fort ?) que la femme du dit DEMONTCHANIN est son alliée de fort loing et n'en scait le degré.
Dépose qu'environ les dix ou onze heures du soir du dimanche quatorze octobre dernier, elle ouit grand bruit chez ledit DEMONTCHANIN ce qui l'obligea de se lever et d'y aller, ou elle y vit le Sieur ALBERT religieux et ses trois soeurs et François DEMONTCHANIN cadet, qui disoit à son frère « tu me biarne sans me dire de quoi », et les dites Demoiselles ALBERT retenoient le dit François DEMONTCHANIN cadet et la dite déposante ayda à metre la casaque du dit Pierre DEMONTCHANIN et ensuite s'en alla chez elle.
Qu'est tout ce qu'elle a dit scavoir duement enquise. Lecture à la dite DELORME faitte de sa déposition, elle a dit contenir vérité, n'a voulu taxe et n'a signé pour ne le scavoir duement enquise, et nous sommes sousignés avec notre greffier.
Damoiselle Nicole ALBERT
demeurant à Perrecy, agée d'environ dixsept ans ayant représenté la coppie d'assignation que lui a donné PETILLON sergent ce jourd'huy, par serment d'elle ( p... ?) sur Saint Evangile, a promis dire vérité sur le contenu de la requête a nous donnée par Mre Roger FLORIET, procureur fiscal en cette justice contre Maître Pierre DEMONTCHANIN, notaire royal au dit Perrecy dont nous luy avons ( ?) lecture ayant déclaré n'être parente, servante, alliée, domestique dehui ny malveillante desdites parties qu'elle connait bien.
Dépose qu'environ les dix à onze heures du soir du dimanche quatorze octobre dernier, la femme du dit Pierre DEMONTCHANIN la vint appeller avec Dom Philibert ALBERT son frère, religieux et sacristain dudit Perrecy, au secours, ce qui les obligea de d'abord sortir et d'aller chezle dit DEMONTCHANIN, ou la déposante vit que le dit DEMONTCHANIN et François DEMONTCHANIN son frère cadet se tenoient, et leur mère et la femme dudit Pierre qui les séparoient. Ils firent habiller le dit Pierre qui sortit. Sur quoy ladite mère dit « tu emporte des pistolets qui ne sont à toy, je les feray bien revenir ». Et ensuitte se retirèrent.
Qu'est tout ce qu'elle a dit scavoir duement enquise.
Lecture faite à la ditte Damoiselle Nicolle ALBERT, a déclaré qu'elle contient vérité, qu'elle y persiste, ne veut taxe et s'est soussignée avec nous et notre greffier.
Signé M. Albert De FOSSE et GOITIER greffier avec paraphe.
Pierre BOISSELOT,
Mre chirurgien à Perrecy, âgé d'environ quarante cinq ans, ayant représenté la coppie d'assignation que luy a donné PETILLON ce jourd'huy, par serment de luy (?) sur Saint Evangille, a promis dire vérité sur le contenu de l'intendit dudit sieur fiscal contre Maître Pierre DEMONTCHANIN, ayant déclaré n'être parent, serviteur, allié,(?), ny malveillant desdites parties et bien connoitre ycelles.
[Contenu coupé] du dimanche quatorze octobre, la femme de Pierre DEMONTCHANIN criant dans la place, vint appeller le déposant, qui d'abord sorti de sa maison pour aller en celle dudit DEMONTCHANIN qui avoit eu du bruit avec ( son ?) cadet, lequel étoit chez le sieur BODIER, et s'y en alla, ou il trouva ledit DEMONTCHANIN qui étoit tombé en apoplexie, et auquel le sieur BAUDIER fils tenoit une ( Cuillier ?) à la (boushe ? ), surquoy ledit déposant luy fit quelque remede, et la femme dudit DEMONTCHANIN dit : «voyez comme on ( nous ? ) vient de maltraitter. François DEMONTCHANIN, son frère, nous a voulu étrangler en notre lit » Et sous environ douze jours, qu'est dimanche passé huit jours, sortant de la grand-messe, Nicolle GODIN, mère desdits DEMONTCHANIN, luy dit devant chez François PETIT, sur ce que ledit déposant luy demanda comme elle se portoit : « voyez comme on m'a maltraittée » et leva sa coiffe et luy montra son tempte gauche livide et meurtry, et qu'elle avoit encore d'autres coups qui luy avoient été faits par ledit Pierre DEMONTCHANIN. Lequel n'auroit ses papiers qu'il ne luy eut rendu beaucoup d'argent qu'elle luy avoit fourny pour ses procès et affaires, ny même le cheval qu'elle avoit payé de ses deniers. Sur quoy le déposant dit qu'il failloit qu'ils s'accommodassent et vivre tous en paix. Et du depuis, ledit déposant a déclaré qu'il n'est pas bien certain si la ditte GODIN luy dit que lesdits coups luy avoient été faits par ledit Pierre son fils, qu'ele ne luy nomma positivement, mais qu'elle parloit de luy, l(e)quelle ne luy restiturait ses papiers, comme il est dit cy dessus, qu'elle se plaignoit fort de luy et de sa femme, qui luy avoit dit plusieurs injures, l'appellant vieille sorcière, putain. Adjoutant ledit déposant, qu'il a ouy dire à plusieurs personnes que ladite GODIN avoit montré ses (coups ?) leur disant que c'étoit ledit Pierre DEMONTCHANIN et sa femme qui les luy avoient faits.
Qu'est tout ce qu'il a dit scavoir deument enquit.
Lecture faite audit BOISSELOT de sa déposition, a déclaré contenir vérité, qu'il y persiste et s'est soussigné avec nous et notre grefier.
Taxé audit déposant vingt sols.
Ainsy signé : BOISSELOT DEFOSSE et GOUTIER greffier avec paraphe.
Damoiselle Hypolitte ALBERT
demeurante à Perrecy, âgée d'environ vingt quatre ans, laquelle nous a représenté la coppie de l'exploit de PETILLON de ce jourd'huy, d'elle ( prins et reçu ?) le serment sur Saint Evangile et ( moiennant ? ) iceluy promis dire vérité sur le contenu de l'intendit du sieur FLORIET contre ledit DEMONTCHANIN, ayant déclaré n'être parente, servante, alliée, domestique (det.. ?) ny malveillante desdites parties et bien connoitre icelles dénommées audit intendit dont nous luy avons fait lecture.
Dépose qu'environ les dix à onze heures du soir d'un dimanche qu'elle croit être le quatorze octobre dernier, la femme dudit Pierre DEMONTCHANIN vint crier à la porte « Monsieur et mesdemoiselles ALBERT, au secours » Ce qui obligea Dom Philibert ALBERT, sacristain religieux du couvent dudit Perrecy et ses soeurs et la déposante de sortir et d'aller chez ledit MONTCHANIN ou on avoit ouy du bruit, et ou la déposante étant allée la dernière, elle vit que Nicolle GODIN tenoit François DEMONTCHANIN, son fils qui querelloit son frère Pierre et se voulloit jeter dessus, dont il fut empêché par sa ditte mère et la déposante, et ledit Pierre s'estant habillié sortit de la maison. Après quoy laditte GODIN dit qu'il a emporté ses pistolets : « mais je les feray bien revenir »
La déposante a bien ouy dire a des personnes que laditte GODIN s'étoit plainte a des personnes que le dit Pierre son fils l'avoit maltraittée, mais la déposante ne l'a pas vut ny ouy dire à laditte GODIN.
Qu'est tout ce qu'elle a dit scavoir duement enquise.
Lecture faitte à la ditte damoiselle Hypolitte ALBERT de sa déposition, a dit qu'elle contient vérité, qu'elle y persiste, ne veut taxe et s'est soussignée avec nous et notre greffier.
Ainsy signé : Hypolitte ALBERT... DEFOSSE et GOUTIER, greffier avec paraphe.
Mre Simon ROBELOT, huissier général, résidant à Perrecy, âgé d'environ trente neuf ans, et ayant représenté la coppie d'assignation à luy donnée ce jourd'huy par PETILLON, par serment de luy perceu sur Saint Evangile, a promis de dire veritté sur le contenu de la [Contenu coupé]
MONTCHANIN, notaire royal de ce jourd'huy, dont lecture luy a été faitte , déclarant n'être parent, allié, serviteur domestique (dett... ?) ny malveillant desdites parties qu'il connait bien.
Dépose qu'ayant appris que Me Pierre DEMONTCHANIN, notaire royal en ce lieu avoit eu bruit avec sa mère et François DEMONTCHANIN son frère, il fut environ deux jours après chez Dame Nicolle GODIN mère du dit DEMONTCHANIN pour prendre du papier timbré, la dite GODIN, qui le débite, luy fit voir un coup qu'elle avoit à l'un de ses bras qui étoit noir et meurtri et un autre à côté du visage, ne scassant de quel côté n'y ayant pris garde. La dite GODIN luy ayant dit qu'elle en avoit plusieurs autres, dans plusieures parties de son corps et se mit à plurer, disant que les dits coups luy avoient été donnés par le dit Pierre DEMONTCHANIN, son fils. A quoy le déposant luy dit qu'elle devoit faire cela parce que cela pouroit tirer à conséquence contre le dit Pierre DEMONTCHANIN son fils. A quoy elle répondit que la chose luy étoit trop sensible et que cela étoit arrivé à l'occasion de François DEMONTCHANIN, fils de ladite GODIN, que le dit Pierre avoit voulu maltraitter sans aucun sujet.
Qu'est tout c qu'il a dit scavoir du contenu en ladite requête, circonstances et dépendances duement enquis.
Lecture à luy faitte de sa déposition, il a persisté et a déclaré qu'elle contenait vérité et n'a voulu taxer et s'est soussigné avec nous et notre greffier.
Ainsy signé ROBELOT, DEFOSSE et GOUTIER greffier avec paraphe.
Ce fait, nous ordonnons que notre celle procédure sera communiquée à M° Roger FLORIET, procureur fiscal en cette justice pour ses conclusions données et voir être ordonné c eque dessus son.
Fait audit Perrecy ce quinzième novembre mil six cent nonente et un.
Signé DEFOSSE avec paraphe.
Le procureur fiscal du prieuré et comté de Perrecy qui a eu communication des informations cy-dessus conclut pour les charges en résultantes à ce que le dit Pierre DEMONTCHANIN, notaire royal soit adjourne à comparoitre en personne pour être interrogé sur les charges et à l'égard de François DEMONTCHANIN, qu'il sera aussy adjourne pour répondre ouyr pareillement sur les charges résultantes contre luy dans les dites informations pour leur réponces (ouies ?) être prise telles conclusions que de raisonFait à Perrecy le vingt novembre mil six cent nonante un.
Et a signé FLORIET avec paraphe.
Veu les conclusions ci-dessus cette part faite, ayant égard tant au titre de l'accusation qu'aux charges d'icelle, nous ordonnons que les dits Pierre et François DEMONTCHANIN frères seront adjournés à comparoir par devant nous en l'halle du dit Perrecy, n'ayant aucun auditoire ny geole au dit lieu, pour répondre en personnes sur les charges contre eux résultantes de le la dite procédure, comme étant tous deux accusés d'avoir maltraité de parolles, même réellement et de fait surtout le soir du dimanche quatorze octobre dernier, Dame Nicolle GODIN leur mère, veuve du Sieur DEMONTCHANIN. Laquelle en a fait ses plaintes et voir ses meurtrissures des coups qu'elle dit avoir reçus d'eux à diverses personnes c e qui a causé un scandal publique
à ceux du dit Perrecy, pour en, après leur réponces, faire ordonner c e que de raison.
Fait au dit Perrecy ce second janvier mil six cent nonante et deux.
Ainsy signé DEFOSSE qui a (cout ?) ce paraphé toutes les pages de la minutte des présentes avec paraphes.
signé (R. BUSNOS ?) grefier.