Enquête sur les Caussignac à Hauterives

Le 15/08/2023 0

Dans Les Lozériens

Les généalogistes lozériens qui ont fait des recherches sur le nom Caussignac aux alentours du joli village de Hauterives ont-ils encore des cheveux ? Cela m'étonnerait ... Je ne sais combien de familles de ce nom habitaient ce lieu mais ... il y a un nid ! Et quand en plus des fils Caussignac épousent des filles du même nom, il y a de quoi en perdre son latin !

Le nom Caussignac intervient dans mon arbre à la 7ème génération, avec le mariage de Marie CAUSSIGNAC avec Pierre-Jean BOULET, mon ancêtre direct. Marie étant fille de meunier, je suis remontée sans trop de difficultés au travers les actes notariés à ses grands-parents, Jean CAUSSIGNAC et Suzanne ANDRÉ, et même à ses arrières grand-parents, Jean et Marguerite CAUSSIGNAC. Certains d'entre-eux ont d'ailleurs déjà fait l'objet d'un article (voir ci-dessous).

Et c'est là où cela se complique ! Qui sont les parents de Jean Caussignac ? 

Un petit tour aux archives de Mende cet été a peut-être donné un début de piste ...

Le document en question

En farfouillant les registres de Maurice Dugois, notaire royal à la Canourgue (non numérisé, ni aux AD48, ni sur Brozer), je suis tombée sur le long testament d'Antoine CAUSSIGNAC, travailleur à Hauterives. Ce "vieux garçon célibataire" a testé en faveur de ses neveux, nièces et leurs enfants et le contenu de son testament m'a donné matière à réflexion. En voici la retranscription :

L'an mil sept cent cinquante trois et le troisiesme jour du mois d'avril après midy par devant nous Notaire royal en présence des témoins cy après nommés a été en sa personne Antoine Caussignac travailleur du lieu d'Alterives paroisse de St Chély du Tarn lequel étant détenu depuis quelques jours malade dans son lit néanmooins dans ses bons sens mémoire et entendement, comme il nous a paru à nous notaire et témoins a voulu faire son testament nuncupatif duque nous avons rédigé tout de suite par écrit les dispositions sans nous divertir à autre acte, à mesure qu'il les a prononcée comme s'ensuit : Premièrement a donné et légué après sa mort à Pierre Caussignac de la Malène, à Jean Aguilhon maréchal de Florac et à Marie Agulhon sa soeur mariée à Marijoulet psse de Salmon, à André Caussignac bâtier habitant à Montpellier, à Jean Vivens de Ryaisse travailleur, à Marianne Vivens fille légitime et naturelle de Jean Vivens et de Louise Caussignac mariés du lieu de Ryaisse, à Antoine Caussignac travailleur du lieu d'Alterives, à Jean Caussignac de Carnac, à Jean Bte Caussignac de Ste Enimie, à Marie Caussignac, femme d'Antoine Fages dud Alterives, à Marie Caussignac femme de François Biau de Bré, psse de Bayrau, à Antoine, Jean Bte, Jean François, Marie, Catherine et Marianne Caussignac enfants naturels et légitimes à feu Jean et à Suzanne Bonnet mariés dud Alterives et à chacun des sus nommés la somme de de trente quatre livres pour leur tenir lieu d'institution héréditaire en quoy il institue tous ses susd neveux et nièces ou petits neveux et petites nièces ses héritiers particuliers à eux payables par son héritier bas nommé, savoir à ceux qui ont atteint l'âge compétent pour l'exiger la moitié qu'est dix sept livres un an après son décès et l'autre moitié un autre an après pour ceux qui n'ont point atteint l'âge de vingt cinq ans la moitié un an après qu'ils l'on atteint ou qu'ils se seront mariés et l'autre moitié un autre an après, plus donne et lègue à lad Suzanne Bonnet veuve dud feu Jean Caussignac la somme de soixante huit livres à elle payable aussy en deux payements égaux en mêmes termes que dessus. Et à Catherine Caussignac femme de Jean persegol de l'Angle la somme de quatre vingt quatorze livres à elle payable en trois payements annuels le premier desquels qui sera de trente deux livres commencera un an après le décès du testateur et les deux autres qui seront de trente une livres chacun continueront ainsy année par année, plus donne à Jean Perségol après sond décès moitié de ses habits et l'autre moitié au susd Antoine Caussignac travailleur dud Alterives, voulant que le partage desd habits leur en soit fait par son héritier bas nommé, en quoy il les institue avec tous les autres susd légataires et légateresses ses héritiers particuliers et finalement a donné et légué à tous ses autres parents et amis et prétendants droit sur ses biens cinq sols entre eux divisibles les instituant avec ce aussy ses héritiers particuliers voulant que sesd légataires soinet content outre ce qu'autre chose ne puissent prétendre sur sesd biens, et en tous et chacun ses autres biens, noms, voix, droits, actions, raisons, prétentions, meubles et immeubles présents et avenir a institué et de sa propre bouche nommé et surnommé pour son héritier général et universel Jean Caussignac son autre petit neveu aussy fils légitime aux susd feu Jean Caussignac et Suzanne Bonnet à la charge pour luy de payer tous ses légats et dettes, cassant révocant et annulant toutes autres dispositions à cause de mort qu'il auroit cy devant faites voulant que le présent testament vaille par testament codicille donation à cause de mort et par toue autre meilleure forme que de droit pourra valoir et quiceluy seul sorte à son plein et entier effet comme étant sa plus expresse disposition de dernière volonté et a prié lesd témoins toujours présents et nous notaire d'en lui retenir acte que luy ai concédé. Fait et récité aud lieu d'Alterives dans la maison de lad Suzanne Bonnet veuve aud jean Caussignac et au devant du lit du testateur en présence de Antoine Fages et Jean Bte Fages tisserants habitant du lieu de la Malène soussignés, et Simon Fages, Jean, Pierre de St Pierre père et fils, Antoine Caussignac vieux et Antoine Delmas travailleurs habitants dud Alterives lesquels non plus que le testateur n'ont su signer de ce requis ny n'en avons trouvé d'autres qui ayent su le faire, et nous notaire requis soussigné.

Qui sont les personnes citées dans ce testament ?

Personnes citées Liens de famille mentionnés dans le testament (ou trouvés par la suite) Lien avec Antoine Caussignac
Pierre Caussignac de la Malène Peut-être fils de Jean et Marguerite Caussignac neveu
Jean Agulhon maréchal de Florac Fils de Pierre Agulhon et d'Élisabeth Caussignac neveu
Marie Agulhon, soeur du précédent, mariés à Marijoulet Fille de Pierre Agulhon et d'Élisabeth Caussignac nièce
André Caussignac bâtier à Montpellier Peut-être le fils de Jean et Marguerite Caussignac - Un André est cité dans le testament de 1721.  neveu
Jean Vivens de Rieisse marié à Louise Caussignac neveu par alliance
Louise Caussignac de Rieisse mariée à Jean Vivens - fille de Jean Caussignac et Marguerite Caussignac nièce
Marianne Vivens fille des précédents petite-nièce 
Antoine Caussignac, travailleur à Hauterives Peut-être fils de Sylvestre et Louise Caussignac neveu 
Jean Caussignac de Carnac Peut-être fils de Sylvestre et Louise Caussignac neveu 
Jean-Baptiste Caussignac de Ste-Enimie Peut-être fils de Jean et Marguerite Caussignac neveu 
Marie Caussignac femme d'Antoine Fages de Hauterives - fille de Sylvestre et Louise Caussignac nièce 
Marie Caussignac femme de François Biau de Bré - fille de Jean et Marguerite Caussignac nièce
Antoine, Jean-Baptiste, Jean-François, Marie, Catherine et Marianne Caussignac enfants de feu Jean et Suzanne Bonnet petits-neveux et nièces
Suzanne Bonnet veuve de Jean Caussignac nièce par alliance
Catherine Caussignac femme de Jean Perségol de l'Angle - fille de Jean et Marguerite Caussignac ? nièce 
Jean Caussignac son autre petit-neveu, HUG fils de feu Jean et Suzanne Bonnet petit-neveu

J'ai indiqué en vert les liens de familles dont je suis sûre. 
Suzanne Bonnet est en réalité Suzanne André (Bonnet était le nom de sa mère), épouse de Jean Caussignac, fils de Jean et Marguerite Caussignac, filiation attestée par leur contrat de mariage. Je retrouve bien leurs enfants (les petits-neveux d'Antoine) et c'est leur fils ainé Jean, voiturier à la Canourgue, qui est l'héritier universel de son grand-oncle. Jusque là tout va bien...

Notre Antoine est donc l'oncle de mon ancêtre Jean, décédé en 1753.
MAIS LES PARENTS DE JEAN S'APPELAIENT TOUS LES DEUX CAUSSIGNAC. 
De qui est-il le frère ? De la mère ou du père ?

3d triste pleure

Essayons de suivre les autres pistes. Je complèterai le tableau au fur et à mesure en indiquant en jaune les indices trouvés.

Le testament de Jean Caussignac en 1721

Jean Caussignac, époux de Marguerite du même nom, est mort de la peste en 1721. Il avait testé juste avant sa mort en faveur de sa femme et de ses enfants. L'histoire de la rédaction de ce testament, quelque peu mouvementée, est racontée dans un article mentionné plus bas. Grâce à celui-ci, nous connaissons les enfants de ce couple. Il s'agit de : Jean, Louise, Marie, Félix, Pierre, Jean-Baptiste, Catherine, André et Étienne.

Louise Caussignac et Jean Vivens

Là c'est assez facile car nous disposons de leur contrat de mariage, passé le 7 février 1723 chez Antoine André, notaire de Sainte-Enimie et disponible sur Brozer. Jean Vivens est le fils de feu Jean et d'Anne Nivoliers habitants du village de Rieisse et Louise Caussignac est la fille de feu Jean et de Marguerite Caussignac de Hauterives. 

Le contrat de mariage nous apprend-il autre chose ? Bof ... Aucun autre parent n'est présent du côté des Caussignac si ce n'est un certain Étienne Caussignac et Jean Caussignac le frère de l'épouse, tous les deux sachant signer et dont voilà les signatures.

Signatures cm vivens caussignac

Marie Caussignac et François Biau

D'après leur contrat de mariage datant du 5 février 1735 (Me Bertezène notaire de Meyrueis), Marie est la soeur de Louise et donc aussi la fille de Jean et Marguerite Caussignac. Mais c'est un peu plus compliqué car le début du registre de ce notaire a servi de nourriture aux souris ! (Cliquez sur le lien pour voir ...) On apprend quand même que Jean Caussignac, frère de Marie était présent, ainsi que leur mère, mais rien de plus sur la famille. On reconnait bien également la signature de Jean à la fin du contrat de mariage.

La piste des Agulhon

Une autre piste : Antoine mentionne dans son testament deux de ses neveux et nièces : Jean AGULHON, maréchal-ferrant à Florac et sa soeur Marie, mariée à Marijoulet. La piste de Jean et trop vague et une recherche sur Geneanet avec indication du métier et du lieu ne donne pas de résultats probants. 

Par contre, en recherchant sur expoactes (CGA) dans les mariages de la Canourgue une Marie Agulhon, une piste prometteuse se présente : le 14 février 1741 est célébré le mariage de Jacques Badaroux de Marijoulet avec Marie Agulhon de la Malène, fille de Pierre et de feue Elisabeth Caussignac. La coïncidence est trop belle !
Elisabeth Caussignac serait donc la soeur de notre Antoine. Elle était décédée en 1641, ce qui expliquerait que son frère ne l'ait pas couchée dans son testament. 

Si je regarde dans ma "collection" de Caussignac, une seule Élisabeth semble correspondre : originaire de Hauterives (chouette), couchée dans le testament de son père en 1684, fille de Jean et de Louise GAL... Mais cela ne veut rien dire.

Malheureusement dans les sources d'archives dont je dispose, je ne trouve rien de plus. Pas de CM Agulhon/Caussignac, ni aucun testament les concernant l'un ou l'autre. Restons en là pour cette piste.

 

Catherine Caussignac, femme de Jean Persegol de l'Angle

Vue comme elle est citée dans ce testament, Catherine est la nièce d'Antoine. Voyons ce que je sais sur cette personne. En fait pas grand-chose.

Ils avaient au moins trois enfants :

  • Jean-Baptiste (~1739-1789), époux de Marianne Pelissier
  • Suzanne (~1747-1804), épouse de Étienne Flourou
  • Marianne, épouse d'Antoine Delmas

Les deux filles ont leur filiation avérée par lecture de leurs contrats de mariage, la première en 1767, la seconde en 1776. Catherine était d'ailleurs décédée dès le premier. Mais je ne trouve rien qui puisse m'indiquer de qui elle est la fille. Peut-être était-ce celle de Jean et Marguerite Caussignac qui avait une fille du même prénom ?

Marie Caussignac, femme d'Antoine Fages de Hauterives

Sur mon arbre, j'ai indiqué qu'elle était fille de Sylvestre et Louise Caussignac ... Il m'a fallu un moment pour retrouver pourquoi ! Sylvestre et Louise avait une fille Marianne qui a épousé par contrat devant Me Desfaux de Meyrueis, en date du 15 novembre 1744, Pierre Cabanis, de Saint-André de Majencoules. Étaient présents à ce mariage Jean et Antoine Caussignac frères de l'épouse ainsi que Antoine Fages son beau-frère (donc j'imagine qu'il est l'époux de notre Marie Caussignac).

Donc si Marie est fille de Sylvestre et Louise Caussignac, qui sont ces deux personnes ? Par chance nous avons leur contrat de mariage, en date du 3 février 1712, donc leur filiation. Sylvestre, tisserand de cadis, est le fils de feu Jean Caussignac et de Louise Gal d'Hauterives (tiens, tiens ...) et Louise est la fille d'Estienne Caussignac et de Magdelene Perier du même village.
Qui était présent à ce mariage ? Ben, Jean Caussignac, frère ainé de Louise et François Caussignac son oncle ...

Et c'est là que je m'arrache les cheveux ! Notre Antoine pourrait aussi bien être le frère de Sylvestre que le frère de Louise !
Pourquoi tous les Caussignac ont-ils épousé des Caussignac !!!!!!!

Conclusion

La conclusion est peut être à trouver dans le testament de Jean Caussignac, époux de Louise Gal, datant du 21 septembre 1684.

Nous avons recherché dans cet article les frères et soeurs de "notre" Antoine. Les frères et soeurs éventuels sont les suivant(e)s :

  • Jean CAUSSIGNAC, époux de Marguerite CAUSSIGNAC
  • Élisabeth CAUSSIGNAC, épouse de Pierre AGULHON
  • Sylvestre CAUSSIGNAC, époux de Louise CAUSSIGNAC

Or dans son testament, Jean cite les prénoms de ses cinq enfants : JEAN, ANTOINE, SYLVESTRE, ISABEAU et ANDRÉ...

Bingo ! Isabeau ou Élisabeth, c'est kif kif. Donc il semble bien que la réponse soit celle-ci. En bonus, Ce Jean Caussignac mentionne sa mère Madeleine GACHE dans son testament, ce qui nous permet de remonter un étage de plus !

Donc en définitive ...

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